Au fil de la messe : Péché des hommes et foi de l’Eglise
La prière qui précède l’échange du baiser de paix était autrefois récitée à voix basse par le célébrant et selon un mode très personnel. Ainsi, demandait-il secrètement au Seigneur de donner la paix au monde sans tenir compte de ses propres péchés, mais de la foi de l’Eglise. Aujourd’hui, les péchés du célébrant sont devenus « nos » péchés, ceux de tous les membres de l’assemblée, prêtres et fidèles compris.
Je dois toujours réprimer un petit moment d’humeur, quand un célébrant substitue au mot « péché » une formule réductrice qui, selon lui, serait mieux accueillie, comme « faute », « faiblesse » ou même « fragilité ». Comme si le prêtre-célébrant craignait que cette référence au péché fasse fuir les derniers fidèles qui fréquentent encore sa messe. A moins qu’il ne s’imagine n’avoir que des saints face à lui. Et lui-même, au milieu d’eux, faisant très bonne figure !
Non. Gardons le mot « péché » qui nous concerne tous. C’est la face sombre de « la foi de l’Eglise » à laquelle il semble opposé. Mais que serait l’Eglise sans les membres - pécheur - qui lui donnent corps ? L’Eglise est sainte, mais composée d’hommes et de femmes qui la salissent et la défigurent. Même humiliée et déshonorée, l’Eglise cependant peut garder sa foi. Sa foi est précisément celle de Pierre, l’apôtre sur lequel elle est fondée. Malgré son reniement et sa honteuse lâcheté, la foi a ramené Pierre à celui qu’il n’avait jamais cessé d’aimer (Jean 21, 15 -17).
Enfin, la version Vatican II de cette prière ne manque pas d’ambition. Elle demande au Christ de nous conduire « vers l’unité parfaite ». Un long chemin d’espérance nous en sépare. Notre Eglise navigue entre tant de divisions et d’oppositions externes et internes. Un très long chemin, fait de milliers petits pas d’amour et de pardon.
fr. Guy Musy
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