Chronik von Bruder Guy Musy der Gemeinschaft in Genf

Offenes Buch!

Retour d’hôpital

  • Fr. Guy

Et Dieu dans tout ça ?

Retour dans mon « chez moi » après cinq jours et cinq nuits d’hospitalisation. Opération crânienne, soins intensifs, récupération à l’hôpital qui doit se prolonger en convalescence. Une nouvelle étape de vie qui mériterait que j’en narre tous les détails. Une plongée dans l’humain et l’inhumain. Je tente une ou deux réflexions.

Il n’y a pas de souffrance humaine irrationnelle, de mal qui ne soit pas riche de sens et de douleur qui ne réserve pas d’abondantes découvertes. Je viens d’en faire une nouvelle fois l’expérience au cours de ma dernière hospitalisation.

Tout d’abord, l’incroyable solidarité, ou, du moins, l’intérêt de l’humain pour l’humain. Il est vrai que la souffrance physique, plus encore l’anxiété et l’ignorance de ce qui va suivre, sont capables d’éclabousser et même de ruiner cette certitude positive. Je ne peux donc que l’attester à partir de ma propre expérience. Je ne suis pas naïf cependant au point d’ignorer l’océan de cruauté sur lequel vogue ma paisible nacelle. C’est à son bord que parle le rescapé et le privilégié que je suis.

Je renouvelle d’abord ce que j’avais déjà écrit dans ce blog après une précédente hospitalisation dans une institution médicale genevoise. A savoir l’attention et la patience du personnel, quel que soit son rang au sein d’une hiérarchie médicale très échelonnée. Davantage que du professionnalisme, du soutien moral bienfaisant. De quoi surmonter l’angoisse et la solitude du souffrant.

Par ailleurs, la chance (?) d’un patient hospitalisé à Genève est que ses « très proches aidants » se nomment Shéhérazade ou Anita et affichent un sourire qui respire le thym des Préalpes de La Tarentaise ou les effluves de l’Altiplano péruvien. Ou encore, la surprise de se faire transporter dans les bras tatoués de Jérémy, un africain sculpté en boxeur. Ce spectre d’humanité attentionnée où chacun fait don de ses réserves de fraternité différenciée me rassura, m’apaisa et me rappela le nom de Celui que je murmure souvent distraitement en l’appelant : « Notre Père ». Plus que ma Bible fermée et scellée par mes yeux malades, la présence de ces frères et sœurs compatissants venus de partout à mon chevet fut ma prière quotidienne ces jours-là.

Prière cahotante parfois, lorsqu’elle n’empêche pas des accès d’énervement et des paroles indignes d’une infirmière de cet établissement. Mais qui suis-je pour la juger et la condamner ? Que sais-je de sa propre vie ? Ne suis-je pas aussi malgré moi le motif de sa fatigue et la source de sa mauvaise humeur ?

Quel contraste avec mon voisin de lit, de bonne et moins bonne fortune ! D’emblée, ces deux contemporains pourtant si différents sympathisèrent. Mon voisin me mit au courant de toutes les affaires louches de la République, pétries par la banque et les amitiés et inimitiés particulières. Rien ne me fut épargné de ce vaudeville dont l’argent est hélas l’argument. Mais mon collègue est un homme bon. Attentif à mon handicap visuel, ce samaritain vint à mon secours pour m’aider à repérer le contenu de mon assiette.

Nous quittâmes l’hôpital le même jour. Lui, pour rejoindre sa femme avec laquelle il tenait des propos téléphoniques très affectueux et moi, pour rejoindre mes frères dominicains dont le soutien et sans doute un brin d’amitié n’a pas de prix. J’ajoute l’attention et l’affection des membres de ma famille de sang. L’épreuve autant que nos joyeuses rencontres nous rendent plus proches.

J’en rends grâce à ce Dieu qui chuchote et clignote dans cet hôpital où l’on ne parle guère de lui.    

 

Florence Nightingale et les infirmières de la guerre de Crimée, gravure au trait d'après James-Charles Armytage. Cette image est sous licence internationale CC BY 4.0. Elle provient de la bibliothèque Wellcome (wellcomeimages.org).

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