Merveilles que fit pour nous le Seigneur !

Maurice Zundel : S’émerveiller. Paroles choisies par Virgile Rochat et Marc Donzé. Éditions Cabédita 2023, 93 pages.

Un choix œcuménique de textes de Maurice Zundel réalisé par un pasteur lausannois et Marc Donzé, prêtre diocésain. Ce dernier prépare actuellement la publication du septième tome des Œuvres Complètes de Maurice Zundel.

Ce livre se présente comme une brève anthologie centrée sur l’émerveillement, un thème très zundélien. Il s’agit d’une expérience spirituelle qui prend sa source dans la contemplation d’une œuvre d’art, dans l’audition d’un chef d’œuvre musical, dans la surprise offerte par la beauté d’un spectacle de la nature et même par l’harmonie d’une formule mathématique ou par l’intelligence d’une découverte scientifique. Cette liste, vous en conviendrez, est loin d’être exhaustive. Tout commence par l’étonnement et se développe en émerveillement.

Cette expérience, selon Zundel, littéralement nous « ravit » à nous-mêmes en faisant de nous des femmes et des hommes nouveaux. Elle nous fait aussi rencontrer une « présence » que certains appellent Dieu. Ses fruits se nomment paix et sérénité. Dans notre monde régi souvent par la confusion et la violence, qui d’entre nous ne souhaiterait pas « s’émerveiller » ? Au moins à quelques reprises.

Oserais-je dans ce contexte rapporter deux « faits divers »

Tout d’abord le récit de la crèche provençale de Noël bien connu dont Fernandel nous a brossé le décor. L’artiste fait apparaître un personnage mystérieux : le « ravi ». Manifestement, cet individu étrange ne vit pas dans le même monde que celui du boumian, du meunier ou même du curé. Il ne cesse de s’étonner et de crier : « Dieu, que c’est beau ! » Tandis que les autres figurants de la crèche ne font qu’imaginer les avantages qu’ils pourraient tirer de la situation. Zundel, dans son genre, serait-il un « ravi » de la même famille que celle du ravi de la crèche de Provence ? Nous inviterait-il à l’être aussi avec lui ?

Mon deuxième appendice concerne Zundel lui-même. A quelques reprises ce blog a mentionné son nom et la richesse de sa spiritualité. Vous cacherais-je que je l’ai rencontré pour la première fois au cours de mes années lausannoises, voici plus d’un demi-siècle. Je l’avais même choisi à l’époque comme confesseur. Et quand il m’arrivait de solliciter à travers lui le pardon de Dieu, c’était lui qui s’agenouillait devant le pécheur que j’étais. Ce geste surprenant commença par m’étonner et m’intriguer. Mais il finit par m’émerveiller. Ce grand spirituel qui refusait de jouer le rôle du juge plutôt que celui de l’intercesseur était à la source de mon propre « ravissement ». Il me fit comprendre la vérité de ce sacrement.