Les Cahiers de feu

Les Cahiers de feu ont paru aux Editions de Montsalvens en 2018. Un ouvrage de 169 pages qui se présente comme un roman, mais qui est en fait le récit d’un drame familial vécu par l’auteure, Sophie Meyer, fille de Placide Meyer, ancien Préfet du district de la Gruyère dans le canton de Fribourg. Seuls les noms et les prénoms des protagonistes ainsi que la toponymie ont été modifiés, sans pour autant parvenir à camoufler au lecteur fribourgeois l’identité des personnes et des lieux. Le récit ne nous renferme donc pas dans l’imaginaire romanesque.

Sophie – Anne dans le roman – veut exorciser le souvenir ou plutôt le spectre de son frère qui s’est donné la mort à l’âge de dix-neuf ans. Jeune adolescente à l’époque, elle explore trente ans plus tard le mystère ténébreux qui pourrait expliquer le geste fatal de ce grand frère qui ne fut à vrai dire jamais son intime. Cette enquête finit par la brûler elle-même après avoir lu les « Cahiers de feu » ou le journal secret laissé par son aîné. Elle croyait s’en faire un allié, elle ne découvre qu’un aliéné.

En fait, la sombre histoire du jeune suicidé s’entremêle avec celle de l’auteure. Deux récits se font face, s’interpellent et parfois se fondent. Ils se situent à l’intersection de deux mondes : l’un marqué par la tradition chrétienne, paysanne et bourgeoise, l’autre par la mise en question et le rejet des normes éthiques dominantes jusque-là. Un « entre deux mondes » où se débat en solitaire un jeune en conflit avec son milieu et avec lui-même. Un débat qui finira par lui être fatal. 

Notre jeunesse est-elle vraiment sortie de ce carrefour qui conduit à de mortelles impasses ? L’enjeu de ce drame dépasse le champ individuel. Il est devenu celui de notre société occidentale.