Islam… Danger !

J’ai parcouru le « brûlot » de Shafique Keshavjee : L’Islam conquérant. Textes – Histoire – Stratégies, paru cette année chez IQRI (Institut pour les Questions Relatives à l’Islam). Je soupçonne sous ce nom un éditeur « évangélique », communauté à laquelle l’auteur ne doit pas être étranger. J’ai appelé « brûlot » cet ouvrage, tant les théologiens « politiquement corrects » sont tombés sur son auteur à bride rabattue. Ils l’avaient déjà rayé de leur liste, vu sa réticence à épouser tels quels les dogmes de la méthode historico-critique en honneur dans leur milieu. Et voici que Keshavjee récidive en s’en prenant aujourd’hui à l’islam  avec la même légèreté intellectuelle qui lui avait déjà été reprochée. Donc, Haro sur le baudet !

Je dois avouer que les pages que j’ai lues ne me paraissent pas mériter un tel traitement. Même si je regrette que l’auteur ait recouru pour préfacer son livre au Père Henri Boulad, bien connu pour ne pas porter l’islam dans son cœur. Les deux hommes ont cependant en commun le fait d’avoir fait partie ou de faire encore partie d’une minorité chrétienne dans un pays majoritairement musulman. Expérience très éloignée de celle d’un universitaire occidentaux qui se croit autorisé à juger du haut de sa chaire des situations dont il se garde bien de partager les risques. Il ne peut s’ensuivre qu’un dialogue de sourds, devenu hélas habituel parmi ceux qui se frottent de dialogue islamo-chrétien. Un regard objectif en la matière est quasiment impossible, tant nos mémoires collective et individuelle sont imbibées de souvent douloureux. A cela s’ajoute pour les intellectuels occidentaux la crainte d’émettre le moindre jugement négatif à l’endroit de l’islam pour ne pas donner prise aux « fous d’Allah» qui n’attendent que ce prétexte pour redoubler de violence. 

Alors, le livre de Keshavjee à manier avec des pincettes ? Peut-être. Mais il mérite d’être lu.