Vendredi de la 2ème semaine du Temps Pascal

Comparons le miracle de la multiplication des pains dans le désert avec la tentation, également dans le désert, durant laquelle Satan est venu vers Jésus en lui suggérant de transformer des pierres en pain.

Satan a essayé de tenter le Seigneur en lui suggérant implicitement de confiner ses desseins messianiques aux dimensions de la terre. Il voulait que Jésus se contente de créer un paradis matériel pour ses disciples.

La ruse de Satan consistait à essayer d'empêcher deux choses : d'une part, que nos vies soient tournées vers le chemin de la vie éternelle, et d'autre part, que nous recherchions le véritable amour du prochain, celui qui exige parfois des sacrifices.

Laisser les gens vivre dans un paradis matériel sur terre sans amour, et certainement sans espoir de vie éternelle : telle était la stratégie de Satan. C'est une idée vraiment diabolique, de construire un paradis où il n'y a ni amour ni espoir de vie éternelle.

Malheureusement, beaucoup de gens succombent précisément à cette tentation. Ils espèrent construire un cercle carré, en cherchant le bonheur sans amour et sans l'espoir de vie éternelle.

Le Seigneur Jésus a rejeté la tentation de transformer des pierres en pain, comme nous le savons. Pourtant, il a fait une multiplication miraculeuse du pain. Et ce miracle n'aurait pas eu lieu s'il n'y avait pas eu le don généreux de son pain par le garçon, qui à ce moment-là avait probablement aussi faim que tout le monde. Le garçon aurait pu, à ce moment-là, satisfaire sa propre faim. Pourtant, il a donné son pain au Seigneur. 

Nous nous souvenons de la décision de ce garçon jusqu'à aujourd'hui. Et son geste restera à jamais une merveilleuse instruction que, même si l'on a peu, mais qu'il y a de l'amour et que l'on a la capacité de partager ce peu, nous avons la capacité de satisfaire tout le monde.

Comme le montre le texte suivant de l'Évangile, la multiplication des pains a été utilisée par Jésus comme une occasion d'annoncer l'Eucharistie : la nourriture de la vie éternelle. Ainsi, la générosité du garçon est magnifiée et anoblie à nouveau.

En réalité, il existe deux genres de prospérité. La prospérité ou la richesse obtenue sans amour qui a quelque chose d'inhumain. On peut s'y noyer, tout comme les mouches se noient dans le miel. Mais une prospérité qui est le fruit de l'amour du prochain est quelque chose de radicalement différent. C'est une image et un avant-goût du bonheur éternel.

Le miracle de la multiplication des pains est une leçon illustrant le fait que la prospérité peut être atteinte dans l'amour. Nous voyons que tout le monde était satisfait, bien qu'au départ ils n'aient eu que cinq pains et deux poissons.

C'est pourquoi, à cette occasion, le Seigneur Jésus a commencé à parler de la nourriture pour la vie éternelle, de l'Eucharistie. Et le mot eucharistie, comme nous le savons, implique gratitude et reconnaissance : « action de grâce ».

Basé sur une réflexion du frère J. Salij