Trouver la paix à Jérusalem

  • Fr. Guy

Un paradoxe

Olivier Catel, Jérusalem. Un cœur de paix. Préface de Timothy Radcliffe. Éditions du Cerf, 2024, 149 pages

Le frère dominicain Olivier Catel est bien connu à Fribourg. Résidant au couvent Saint-Hyacinthe, il fut étudiant à la Faculté de théologie de l’université de cette ville avant de rejoindre l’École biblique et archéologique française de Jérusalem. Membre d’une association de dialogue judéo-chrétien en Israël, le frère Olivier enseigne la lecture juive des Écritures.

Ce livre est le reflet de la vie quotidienne de cette cité trois fois sainte décrite par l’un de ses résidents. Son regard n’est donc pas celui du touriste, du journaliste, ni même celui du pèlerin, mais celui de l’habitant. Un habitant qui n’est pas quelconque au vu de ses accointances avec cette ville qui mérite davantage que Rome le titre d’« éternelle ».

Éternels hélas aussi les tourments qui la font souffrir à travers les âges, surtout ceux d’aujourd’hui.

Réflexions extraites de la préface de Timothy Radcliffe :
« J’ai pris conscience de la façon dont la ville incarne le cœur de ses habitants… Olivier explore comment la ville est habitée par deux présences qui sont devenues des absences : le Temple dont le spectre plane sur la ville et le tombeau vide de Jésus dans le Saint-Sépulcre… Le cœur et l’esprit d’Olivier sont ouverts aux dons du judaïsme et de l’islam. Il évoque la Pentecôte où chacun parle dans sa propre langue et se fait connaître en apprenant le langage de l’amour.

Dieu n’annule pas les cultures pour donner naissance à une nouvelle culture, mais invente la langue de l’amour qui permet d’entendre l’autre. Cette langue de l’amour n’est pas une langue religieuse secrète réservée aux croyants, mais elle nous ouvre au dialogue avec les personnes qui n’ont pas de foi en Dieu. »

Cette dernière phrase élargit la portée du dialogue de l’amour en incluant ceux et celles pour qui le mot Dieu n’a plus ou a perdu son sens. Ce n’est certainement pas le cas des juifs, des musulmans et des chrétiens qui habitent Jérusalem. Mais pratiquent-ils le langage de l’amour mutuel, le seul chemin qui conduit au vrai Dieu ? Olivier voudrait en être persuadé par son périple à travers les ruelles, les places, les quartiers de cette cité dont le cœur, selon notre frère, ne devrait battre que pour servir la paix.

Je suis certain que ce petit livre, écrit par un connaisseur sérieux et d’accès facile, intéressera ceux et celles qui, en diverses circonstances et pour différents motifs, ont eu, ne serait-ce qu’une seule fois dans leur vie, la chance de découvrir et parcourir cette ville sainte. Ils se souviendront aussi de la littérature ancienne et moderne (exemple : Le défi de Jérusalem d’Emmanuel Schmitt) parue sur ce thème.

Pour conclure, je mentionne que ce livre a été composé en Angleterre après que son auteur eut passé sept années de présence à Jérusalem. De quoi occuper le temps d‘une année sabbatique.

« Dans la Bible, la septième année est une année de redistribution et de libération des esclaves… Une année pour prendre du recul, pour faire quelque chose de différent et repartir avec un nouveau souffle décidé à agir autrement, à mieux organiser sa vie, à choisir ce qui est plus beau et plus fécond. Cette année en dehors de Jérusalem fut donc une année de travail universitaire, certes, mais aussi un large temps de réflexion sur mon lien avec cette terre que certains appellent “sainte”, sur cette terre qui, malheureusement, s’expose depuis des décennies à la Une des journaux comme une terre de violences, de conflits et d’impasses. »

Alors, comment vivre et espérer ? Ce n’est pas aussi difficile que ça en a l’air. On élabore des stratégies spirituelles, on grandit et, finalement, on ne s’imagine pas ailleurs. Une communauté, des amis, des rencontres, mais aussi un apprentissage exigeant et libérateur.

Ces réflexions sont très pertinentes. Pas seulement pour les habitants de Jérusalem, mais pour mieux habiter le monde – le mien particulièrement – malgré ses violences, ses scandales, ses injustices.

Alors, à toutes et à tous, bonne et féconde lecture !

 


Pour compléter et développer la présentation, j’ai écouté sur cassette le texte de Charles Enderlin : « Israël. L’agonie d’une démocratie », lu par Sœur Marie-Paule, collaboratrice d’Étoile Sonore à Collombey.

Ce journaliste et auteur franco-israélien est né en 1945, fils de parents juifs qui avaient fui l’Autriche suite à l’Anschluss de ce pays par le Reich hitlérien. De 1981 à 2015, Charles Enderlin fut correspondant régulier en Israël pour la chaîne de télévision française « France 2 ». Cette fonction lui permit d’être aux avant-postes de l’actualité israélienne et palestinienne. En particulier, il a suivi l’irrésistible ascension politique et idéologique de Benjamin Netanyahu et de ses partisans sionistes-nationalistes, dont il est question dans son livre paru aux Éditions du Seuil en 2023.

Cette image a été créée avec l'aide de DALL·E

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