Troisième dimanche de Pâques
Dans l'Évangile d'aujourd'hui, saint Luc dresse un tableau de la première communauté des disciples après Pâques.
Et ce n'est pas une image très optimiste.
Après la mort de Jésus, la communauté s'effondre ; chacun essaie à sa façon de survivre aux moments difficiles, de surmonter la tristesse, le chagrin, la douleur et la frustration. « Deux d'entre eux » quittent Jérusalem et vont à Emmaüs.
Jérusalem est un lieu de tourment et de mort pour leur Maître, un symbole de déception et d'espoirs non réalisés.
Emmaüs est un lieu distant où l'on peut par contre oublier la souffrance et la défaite.
Notre Emmaüs est un lieu de rêve, sans souffrance ni croix. C'est un monde d'illusion et d'utopie, son propre paradis sur terre... mais est-ce bien réel ?
Sur le chemin d'Emmaüs, les disciples sont égocentriques : occupés par eux-mêmes, par leur propre douleur et leur propre mal, par un sentiment de déception. Ils sont donc aveugles – ils ne voient pas Jésus, qui patiemment, doucement, avec acceptation et amour se joint à leur conversation.
Et alors, les disciples sentent que leur « cœur brûle », rempli de paix, d'espoir, d'amour. Dieu est venu à leur rencontre. On pourrait dire qu'ils touchent Dieu.
Saint Augustin parle d'une expérience similaire dans ses Confessions. Au cours d'une conversation avec sa mère, Sainte Monique, peu avant sa mort, lorsqu'ils « absorbèrent avec leur cœur les courants célestes venant de la source (de Dieu), le temps s'arrêta soudainement et tous deux, ils touchèrent Dieu ».
En parlant de la vie spirituelle, de la vie d'en haut, nous pouvons déjà toucher le ciel, ressentir la paix intérieure, la joie et l'amour.
Les cœurs des disciples brûlent aussi parce que Jésus les aide à comprendre leurs sentiments et leurs émotions négatives. La cause de leur souffrance, de leur douleur et de leur chagrin est leur fermeture, leur manque d'ouverture aux paroles des prophètes, aux paroles de l'Écriture et de Jésus.
Les cœurs des disciples sont endurcis, « sclérosés » : ils veulent tout estimer à leur mesure – selon la gloire, le succès ou la hiérarchie mondaine. Il leur est encore difficile de comprendre que la mesure de Dieu est d'abord la souffrance, la Croix, – et seulement ensuite la Résurrection.
En trois ans de vie avec Jésus, les disciples ont si peu appris.
Jésus enseigne à ses disciples (et à nous) à relier l'histoire de leur vie à la lumière de sa Parole.
Dans des moments remplis de questions, de doutes ou de problèmes, il vaut la peine de se tourner vers les Écritures et d'écouter. L'histoire de ma vie et mes « grands problèmes » apparaîtront alors sous un tout autre angle. La révélation, en Jésus-Christ, nous permet de comprendre enfin le sens des faits douloureux dans la vie de Jésus, de l'Église, et de nos propres vies.
Sur la base d'un commentaire de S. Biel, s.j.

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