Science et foi
- Fr. Guy
Un cher ami m’a offert cet ouvrage au titre mystérieux. Son auteur, comme mon ami, est un parent éloigné de l’écrivain Joseph de Maistre (1753-1821). Ce dernier est bien connu pour son ouvrage Les soirées de Saint-Pétersbourg, dont on me parlait déjà quand j’étais collégien. Cet écrivain était en fait un diplomate, ambassadeur du Royaume du Piémont à la cour du tsar de Russie dans les premières années du dix-neuvième siècle, au temps de la Restauration.
On comprend donc que Joseph de Maistre ne manifeste pas un enthousiasme excessif à l’endroit de Napoléon et de la Révolution française. Certains diraient même qu’il fut un fieffé réactionnaire. L’auteur du livre que je présente pense plutôt que Joseph de Maistre fut un visionnaire inattendu dans son siècle. Cette intuition fait l’objet de ce livre.
Un soir, Rodolphe, relisant l’œuvre majeure de Joseph, son ancêtre homonyme, tombe sur ce passage prophétique qui déclenchera la rédaction de son livre : « Alors, toute la science changera de face ; l’esprit, longtemps détrôné et oublié, reprendra sa place. » Et Rodolphe ajoute : « Qu’en est-il deux cents ans plus tard ? » Une question posée à notre génération. De là, peut-être, le titre Hexis donné à ce livre, un sens repéré par l’auteur dans le fameux dictionnaire grec-français de Bailly : « état ou habitude de l’esprit ou de l’âme, capacité résultant de l’expérience. »
Je suis conscient que l’application de cette définition à notre sujet reste mystérieuse. Mais elle conforte une idée ou une appréciation personnelle. Oui, le scientisme est derrière nous. Rabelais disait déjà : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. » Son contemporain Montaigne aurait partagé cet avis. Me vient maintenant à l’esprit le mot célèbre du médecin Ambroise Paré qui vivait à la même époque. Parlant d’un de ses malades, il disait : « Je le panse, Dieu le guérit. »
Il me semble que toutes nos recherches scientifiques actuelles prennent l’humain en considération. L’écologie nous a mis sur cette voie. La lutte scientifique pour la sauvegarde de la création et contre le changement climatique est aussi une lutte pour la sauvegarde de notre humanité. L’esprit guide nos recherches, pas seulement nos équations algébriques. Même l’intelligence artificielle se veut au service de l’humain.
Le chapitre conclusif du livre de Rodolphe de Maistre dit beaucoup mieux que mes intuitions, que les Lumières s’effritent. Pour notre auteur, la solution est dans l’expérience scientifique et la foi de celui qui la mène. Il n’est pas naïf pour autant. Il sait que ce chemin sera long et n’empêchera pas à notre époque des catastrophes regrettables. Mais la prophétie pourrait tenir ses promesses. Pour nous y encourager, l’auteur cite Francis Bacon : « Car l’homme, qui ne vaut que parce qu’il croit, ne vaut rien s’il ne croit rien. »
La pensée de Joseph de Maistre n’est pas absolument réactionnaire, comme certains le prétendent. Elle donne accès à un univers prometteur d’espérance.
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