Retour au Rwanda meurtri et reconstruit
- Fr. Guy
Jacaranda : Roman. Gaël Faye. Edition: Grasset, 2024, 282 p.
Le nom du romancier auteur de ce livre ne m’est pas inconnu. J’avais lu avec plaisir et intérêt son « Petit pays » paru en 2016, première œuvre littéraire de cet écrivain et musicien, fils d’un père français et d’une mère rwandaise réfugiée au Burundi voisin. Il vit désormais au Rwanda depuis que l’issue du génocide qui dévasta le Rwanda permit à sa mère de retrouver sa terre natale et à lui d’y installer sa famille. J’avais peu apprécié le film qui porta sur nos écrans le « Petit pays » que Gaël m’avait fait découvrir. Trop factice et indigne du roman qui en était la source.
En fait, il s’agissait de la vie tumultueuse d’un groupe de copains ados vivant dans un quartier international relativement aisé de Bujumbura, la capitale du Burundi. Ces jeunes se contentaient de vivre leur âge, avec ses frasques et ses menus plaisirs, remettant à plus tard les questions fondamentales auxquelles n’échappera pas l’auteur de son second roman que je présente à mes lecteurs aujourd’hui. Comme tant d’autres Rwandais, l’auteur se demande comment vivre au Rwanda après la blessure génocidaire. Sur quels fondements le pays se reconstruit-il ? Comment la même société accueille-t-elle les familles des tueurs et celles de leurs victimes – trente années seulement après les événements ? J’ai hâte d’entamer la lecture du livre pour connaître le point de vue de l’auteur. Je pourrai en parler avec des Rwandais qui ont vécu ces horreurs et même avec leurs descendants qui les ignorent. Ces derniers ont l’âge de Gaël. Son roman pourrait les aider à découvrir une insoutenable vérité, calmer leur souffrance de ne pouvoir partager celle de leurs parents.
Quant au jacaranda, il évoque chez moi ces massifs fleuris qui à la fois égayent et cachent les maisons du Rwanda que j’ai connu autrefois. Du silence, des secrets, des horreurs et de la beauté entrelacés.
Il ne m’appartient pas de reproduire dans cette brève présentation le scénario détaillé de ce roman. Je ne peux que citer une phrase de sa page de couverture qui mettra le lecteur en appétit : « Sur quatre générations, avec sa douceur unique, Gaël Faye nous raconte l’histoire terrible d’un pays qui s’essaie malgré tout au dialogue et au pardon – comme un arbre dressé entre lumières et ténèbres. Jacaranda célèbre l’humanité paradoxale, aimante et vivante. »
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