Redécouvrir Dietrich Bonhoeffer
- Fr. Guy
« C’est la fin – mais pour moi le commencement de la vie. »
Telles furent les dernières paroles de Bonhoeffer avant d’être exécuté le 9 avril 1945, transmises à un officier anglais du nom de Payne Best.
Le 12 septembre 2024, Henry Mottu, en publiant ce livre, m’a fait rêver non pas à un paradis perdu mais à une période de mes études théologiques consacrées à Dietrich Bonhoeffer. Dans les années 1960, j’ignorais jusqu’au nom de ce personnage dont tout le monde parla quelques années plus tard. Ce fut le professeur dominicain suisse Heinrich Stirnimann qui me révéla l’existence et l’œuvre de ce pasteur allemand dont le public francophone venait de découvrir ses faits et gestes relatés dans l’ouvrage : « Résistance et soumission », qui venait d’être traduit en français en 1963.
Cette révélation me valut une année d’études à la faculté de théologie protestante de Heidelberg, avec pour perspective la rédaction d’une thèse éventuelle sur ce théologien peu ordinaire. Celle-ci ne vit jamais le jour.
D’autres obligations communautaires, dont je n’ai pas à parler ici, me ramenèrent en Suisse quelques mois plus tard. Mais le temps passé à Heidelberg dans les années 1960 me permit de me familiariser avec l’ensemble de l’œuvre de Bonhoeffer. Je ne me contentais pas de commenter les dernières années dramatiques de sa vie.
Dietrich appartenait à une famille prussienne fière de ses origines et de ses conventions sociales et religieuses. Très jeune, il fit ses études sous la houlette de l’historien Harnack, bien connu pour ses positions libérales. Mais la foi profonde de Bonhoeffer l’amena à choisir une voie de résistance intérieure, mais aussi politique, au nazisme qui commençait à faire régner sa terreur. Il aurait pu y échapper en demeurant à l’étranger comme aumônier des germanophones, mais il choisit de revenir au pays par solidarité avec les siens qui étaient persécutés. Sa plus belle fondation de ce temps-là fut une école de théologie de l’Église « confessante » qui échappait aux prescriptions nazies. Fiancé, il fut arrêté et emprisonné à Berlin avant d’être transféré à Flossenbürg pour y être « jugé » et exécuté. C’est pour les théologiens de cette Église, distincte de la Reichskirche, qu’il rédigea ses œuvres proprement théologiques.
Le livre que nous présentons a ceci de particulier qu’il ne contient que les mots de Dietrich Bonhoeffer. Il s’agit d’un ensemble de notes, de lettres, adressées à divers auteurs proches de lui et de sa famille. On ne lira donc pas dans cet écrit les réponses de ces destinataires, mais on retrouvera l’auteur dans toute sa densité spirituelle.
Une précision pour finir. On s’est servi d’une lettre de 1944 pour faire de Bonhoeffer l’apôtre du christianisme non religieux. Henry Mottu, qui publie cet ouvrage, a bien raison de rectifier. Il ne s’agit pas d’un christianisme non religieux mais irréligieux. En ce sens, cet ouvrage nous rapproche de la recherche actuelle : découvrir les vrais mots qui disent Dieu et lire en vérité et en profondeur les Évangiles.
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