Pourquoi ils s’opposent à François ?
- Fr. Guy
« La Vie », 29 février - 6 mars 2024
Un ami qui épluche les présentoirs des églises m’avait déjà ramené un exemplaire du magazine « La Vie » dont le contenu avait fait l’objet d’un texte paru sur ce blog. Cet ami récidive aujourd’hui en me faisant connaître un autre dossier paru dans le même périodique, la première semaine de mars 2024. Pour cet ami, marqué par la tradition catholique, l’opposition au pape est un sujet inouï et quasi scandaleux. D’autant plus que certains opposants sont des cardinaux de la Curie romaine. Le vers serait-il dans le fruit ? Mon ami en souffre d’autant plus que le pape François visé par ses adversaires est un homme âgé atteint dans sa santé.
J’ai lu ce dossier rédigé avec sérieux et compétence, sans diatribe ni polémique. Je me permets d’en révéler ici les grandes lignes accompagnées de quelques brefs commentaires de ma part.
Tout historien prétendra sans difficulté qu’aucun pontificat n’a connu un cours paisible. Pas plus dans les temps modernes que dans le passé. Chaque pape a eu ses opposants et même ses dissidents. Une affaire pas trop grave quand elle est motivée par diverses raisons personnelles, en général secrètes, insuffisantes pour mettre en péril l’unité de l’Eglise. Ou alors, le dégât se limite à des scissions temporaires et de minime importance. Dois-je comprendre en ce sens le schisme « vieux catholique », héritage de Vatican I ?
La nouveauté est que les opposants d’aujourd’hui se réfèrent à de prétendues infidélités de François à la ligne traditionnelle catholique ou, du moins, à sa complaisance face à des pratiques ou théories actuelles que ses opposants jugent incompatibles avec le donné de la foi catholique. Est-il besoin d’en énumérer quelques unes : bénédiction de couples homosexuels ou remariés, accès des femmes aux ordres sacrés, prédication ouverte à tout baptisé etc. ? Le plus grave est que désormais ces arguments sont partagés par la majorité des conférences épiscopales d’un continent particulier. On fait allusion de préférence à l’Afrique, comme si on voulait camoufler au Sud du Sahara d’autres défaillances canoniques.
Par ailleurs, l’avènement de synodes régionaux en Europe ajoute encore à la confusion. Tout le monde connaît les difficultés survenues entre la Curie romaine et le synode des évêques allemands, bien que cette assemblée soit loin de représenter la position de tous les évêques de cette région. Notre magazine déclare que le synode allemand est une épine dans le pied de François. Il n’est pas certain qu’il puisse s’en défaire facilement.
« La Vie » fait ce constat. Les divisions entre conservateurs et progressistes cèdent désormais le pas à un nouvel équilibre à trouver entre catholiques du Nord et du Sud. La papauté est sous tension dans un monde en crise.
J’écris ces lignes la veille de Pentecôte. que l’Esprit de Jésus peut se faire entendre et comprendre au sein d’un univers marqué par la diversité religieuse, sociale, politique et culturelle. Ce que nous savons de l’histoire de l’Eglise primitive narrée par le Livre des Actes le prouve. Pourquoi ne pas prier aujourd’hui le même Esprit et lui faire confiance ? Lui seul est le garant de l’unité de l’Eglise. Il parle une seule langue, celle de Jésus, et tout le monde la comprend.
P. S.
Je pense qu’il n’est pas inutile de mentionner la parution cette année d’un Document émis par le Dicastère de la Doctrine de la Foi, signé par son Préfet, le cardinal Victor Manuel Fernandez, intitulé : « Dignitas infinita. Déclaration sur la dignité humaine ». Les Editions du Cerf viennent d’en publier la traduction française contenue dans un opuscule de 109 pages. Cette Déclaration est le fruit de plusieurs mois de réflexions, d’ajouts, de suppressions et de corrections. Le pape François, à l’origine de sa publication, a dû aussi y mettre la main pour rendre ce texte universel et actuel. Il dénonce en effet toute violation de la dignité humaine quel que soit son contexte religieux, social ou politique. L’encyclique « Fratelli tutti » l’avait déjà fait en son temps. Cette Déclaration dépasse le compartimentage régional ou continental et atteint un niveau universel. Chaque humain devrait s’y retrouver et l’approuver. Y compris ceux qui s’opposent au pape François. Mais que signifie pour eux l’expression « dignité humaine » ? Il est légitime de se poser cette question.
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