Paraboles et chemins de traverse

  • Fr. Guy

Des perspectives renouvelées

Bernard Marliangeas. Chemins de traverse au pays de l’Evangile. Les Paraboles. Avec dessins de Philippe Toxé. Editions du Cerf 2024, 165 pages.

Ancien producteur de l’émission « Le Jour du Seigneur », ce frère aîné diffuse encore des réflexions judicieuses sur les paraboles qui l’ont habité au cours de sa longue vie. Il nous en parlait déjà en 1980 lors d’un recyclage théologique au couvent de l’Arbresle.

Son propos est de porter un regard neuf sur les paraboles, chemin incontournable pour entrer dans la richesse de l’Evangile. Elles continuent de susciter d’innombrables interprétations et difficultés dans lesquelles l’auteur refuse d’entrer. Son approche invite à découvrir les paysages à la fois familiers et surprenants qu’elles composent.

Le premier chapitre est une introduction générale au genre littéraire « parabole ». Utilisé bien avant Jésus, il est avant tout une histoire et non une allégorie riche de ses morales, comme les fables de La Fontaine. Sans conclusions, elles invitent le lecteur à poursuivre ce travail et découvrir lui-même le sens profond (caché ?) de la Parole de Jésus et de se l’appliquer à lui-même.

J’aime bien l’expression « détour » utilisée par l’auteur pour définir la parabole. Le but des paraboles est de dérouter l’auditeur ou le lecteur, de lui proposer des détours hors des chemins battus. Le détour fait souvent découvrir sous un angle différent ce que l’on croit connaître. C’est une expérience que nous faisons tous dans nos existences. Les paraboles dans l’évangile attirent l’attention sur les enjeux – souvent méconnus – de ce que Jésus annonce.

L’ouvrage se déroule en neuf chapitres, chacun regroupant des paraboles dont la thématique est proche. Il se termine par un « envoi » intitulé : « Une approche du Royaume. Le pharisien et le publicain ». J’ai hâte d’en découdre avec ce pharisien qui me ressemble trop.

Je me propose aussi de faire connaître au lecteur l’ensemble de la table des matières. Elle donne un avant-goût de l’originalité des commentaires.

Semailles et moissonDes–Perdu et retrouvéConfiance et défianceEt la prière dans tout ça ?Le sacrement du frère.

Ce simple sommaire deviendra limpide au connaisseur biblique qui découvrira lui-même dans son Nouveau Testament les paraboles auxquelles ce sommaire fait référence. Puisqu’elles sont contenues dans les trois évangiles synoptiques, je conseillerai aussi au lecteur de se munir d’une synopse pour les lire. Les nuances et les différences lui apparaîtront nettement.

L’enseignement de Jésus n’est pas répétitif. Il s’adapte au cadre de ses lecteurs et auditeurs chaque fois changeant. D’où la richesse de cet enseignement parabolique, révélateur de la sagesse du Christ.

Je ne résiste à l’envie de vous partager la parabole renouvelée qui conclut le livre :

Le pharisien et le publicain (variante)

Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain (c’est-à-dire collecteur d’impôts).

Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même : « Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne. »

Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine en disant : « Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis. »

Le pharisien, bien calé dans sa pieuse autosatisfaction, eut tout d’un coup, l’attention attirée par le bruit que faisait le publicain en se frappant la poitrine… Se levant, il alla le trouver pour mettre fin à ce bruit inadmissible qui troublait le silence sacré.

« Des difficultés, vous ? » – « Si, répond le pharisien, à cause de toutes ces choses à faire dans la religion et ma femme n’est pas d’accord ! »

Alors, sortant du temple, pour ne pas gêner les autres personnes, ils entamèrent une longue conversation sur les mésententes familiales et les difficultés de la vie… Et le Seigneur était là et marchait avec eux.

La haine mutuelle a été transfigurée par une réconciliation à laquelle le Seigneur s’est mêlé. Ils n’étaient pas meilleurs l’un que l’autre : chacun avait son tort et finalement sa grâce.

Cette image a été créée avec l'aide de DALL·E

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