OPChant fête son premier anniversaire

Avec plus de 20'000 abonnés, nos frères chanteurs se tournent vers l'avenir

Le 19 octobre, nous fêterons le premier anniversaire de la création de la chaîne YouTube OPChant par nos frères Alexandre Frezzato, originaire du Valais, et Stefan Ansinger, venant des Pays-Bas.

Comme la plupart de nos lecteurs le savent déjà, OPChant est une initiative dominicaine visant à enseigner à tous ceux qui souhaitent apprendre la tradition du chant grégorien propre à notre Ordre.

Au cours des 12 derniers mois, nos frères ont gagné plus de 20'000 abonnés et leurs vidéos ont été visionnées près d'un demi-million de fois.

Nous avons pensé que c'était le moment opportun pour nos frères de relire cette année d'expérience avec ce projet, unique au monde.

Nous sommes ravis qu'ils aient trouvé le temps de s'asseoir avec la rédaction pour une interview :

 

Frère Stefan, frère Alexandre, merci d'avoir accepté de parler avec nous pour marquer le premier anniversaire de OPChant.

Alors, il semblerait qu'il existe plusieurs manières par lesquelles les gens s'intéressent à votre chaîne. Certains sont des spécialistes de musique sacrée, certains sont des confrères dominicains. D’autres emploient votre musique comme une forme de prière ou pour créer une atmosphère propice à leur propre prière. D'autres encore pensent simplement que la musique est belle. 

Vous attendiez-vous à ce genre de réponse ?

Frère Stefan Ansinger : Alors, la finalité initiale du projet était et reste de servir l'Ordre dominicain en rendant le chant grégorien dominicain disponible dans une sorte de bibliothèque en ligne.

Mais en raison de la diversité des personnes que nous touchons avec le projet, c'est très vite devenu un véritable apostolat. J’ai l’impression de connecter un grand nombre de personnes à Dieu par la vérité des paroles de la tradition catholique et la beauté de cette musique.

Frère Alexandre Frezzato : Pour ma part, je ne m'attendais vraisemblablement pas à un tel engouement. Les réactions furent immédiatement nombreuses et très positives (et cela continue un an après !). De plus, les « feedbacks » viennent littéralement du monde entier et, comme vous l'avez mentionné, d'un public très varié (du spécialiste au priant).

Je pense que ce dernier point manifeste non seulement le fait que ce projet novateur répond à un besoin qui existait déjà sur internet, mais montre aussi, de manière relativement objective, que la qualité du contenu proposé sur OPChant est bonne. 

SA : C’est vrai que nous recevons beaucoup de courriels du monde entier. Nous essayons ensuite de répondre à chaque message. Les réactions sont très diverses. Certaines personnes demandent une interview via Skype ou un article pour un site web. Ensuite, certains frères et sœurs nous écrivent pour nous demander d'enregistrer une musique grégorienne spécifique pour leur communauté. Et à cela s'ajoutent bien sûr les milliers de réactions qui arrivent via YouTube et les médias sociaux comme Facebook. Il s'agit principalement de remerciements et de prières pour le projet.

AF : Pour moi, ces retours nombreux et variés représentent une belle reconnaissance et un encouragement à continuer notre travail aussi longtemps que nécessaire !

 

À ce stade, vous avez réalisé des entretiens avec des membres de la presse (radio, télévision, journaux, sites Web) dans plusieurs pays différents. Trouvez-vous que les journalistes ont du mal à comprendre en quoi consiste votre projet ? Qui comprend le mieux ?

SA : Il s'agit d'un projet dominicain dans lequel deux frères travaillent à la préservation et à la diffusion de l'héritage grégorien de l'Ordre. La plupart des journalistes l'ont compris.

AF : Oui, la plupart des médias qui nous ont approché saisissent bien les enjeux et les raisons qui nous ont poussés à entreprendre ce projet. En revanche, il faut bien voir que tous ces médias possèdent chacun une ligne éditoriale propre dont les accents sont différents. Ainsi, la manière dont nous sommes présentés au public varie selon les valeurs chrétiennes que tel ou tel média entend mettre en avant... 

Il est donc normal de constater que notre message est, dans de rares cas, compris de manière quelque peu biaisée, car nos interlocuteurs-journalistes ignorent tout ou presque de la musique sacrée grégorienne, du microcosme de la vie consacrée, etc. De manière générale, il faut aussi dire que nous avons bien géré les sollicitations médiatiques...

SA : En même temps, je pense que la plupart des sites web se sont davantage concentrés sur la quantité de réactions, la popularité du projet et le fait que deux jeunes dominicains chantent du chant grégorien ensemble sur YouTube.

Il n'est pas facile de résumer l'apostolat en deux phrases. Car il s'agit d'un apostolat à multiples facettes. Je considère que nous sommes envoyés pour transmettre cette tradition aux prochaines générations de dominicains. Mais cela ne s'arrête pas là. Il y a tant d'autres facettes intéressantes du projet qui restent souvent sous-exposées dans les médias. Par exemple, c'est un projet qui touche aussi beaucoup de non-chrétiens, de protestants et d'orthodoxes et même de musulmans. Nous le savons d'après les réactions. 

C’est aussi un projet qui met en valeur les églises locales de la région et notre communauté, il est ancré à Fribourg.

Ce qui m'a encore plus surpris, c'est la façon dont le projet relie les générations dans l'Ordre. Jeunes et moins jeunes aiment le chant grégorien…

AF : Oui, et en fin de compte, la raison d'être d'OPChant est simple à saisir : Ré-enchanter, soutenir, enseigner et sauvegarder par le chant grégorien de la tradition dominicaine. 

 

Il y a eu beaucoup de rapports dans la presse au sujet votre projet ici en Suisse ainsi qu’aux États-Unis, au Canada et en Amérique latine.

Par contre, il semble que bien moins ait été écrit à votre sujet dans les pays voisins tels que la France et l'Allemagne. Y at-il une raison à cela ? 

Plus généralement, trouvez-vous que votre projet est mieux accueilli dans le contexte de certaines cultures que dans d'autres ?

SA : Peut-être que ceci est dû au fait que dans le monde anglo-saxon et suisse, la liturgie latine est encore plus présente que dans d'autres pays. En ce sens, le chant grégorien s'accorde bien avec une telle culture catholique. En même temps, je note que le plus grand site web catholique d'Allemagne a publié un article avec une excellente interview de fond sur le projet. Alors au moins quelques allemands écoutent ! (rires)

AF : De fait, notre présence sur les médias français et allemand est quasi nulle, tandis que nous sommes beaucoup plus « populaires » outre-atlantique. D'un point de vue purement géographique, c'est effectivement étonnant que certains pays aussi proches ne témoignent que peu d'intérêt pour notre projet. Je ne connais pas les raisons précises de cette inégalité d'intérêt...

À côté de cela, il faut tout de même rappeler que notre projet est explicitement chrétien, catholique, et qui en plus est dominicain... Le public-cible est ainsi déjà a priori très restreint...

SA : Dans certains pays, peut-être par exemple dans un pays comme l'Allemagne, il n'y a pas une grande présence du chant grégorien aujourd'hui. Mais je pense – comme nous lisons dans Sacrosanctum Concilium, la constitution sur la liturgie du concile Vatican II – que le chant grégorien devrait prévaloir dans la liturgie dans la plupart des églises. Notre chant peut être quelque chose qui nous unit à travers nos différentes cultures.

AF : Et je devrais dire que le fait que certains pays et médias ne nous ont encore que peu sollicité nous réjouit aussi, dans un certain sens, car cela signifie que notre projet a encore du chemin à parcourir. Pour moi, c'est motivant…

 

Mais en fait votre chaîne n'a cessé de croître depuis que vous l'avez fondée il y a 12 mois — et elle continue de gagner chaque jour des abonnés. Comment envisagez-vous cette nouvelle année ? Que prévoyez-vous pour enrichir et approfondir l’expérience de ceux qui viennent à vous pour entendre et apprendre le chant grégorien ?

AF : En termes de croissance du nombre d'abonné(e)s, d'augmentation du nombre de vues, de nouvelles sollicitations médiatiques, il est très difficile de faire des projections. Cela ne dépend pas de nous, mais plutôt de la volatilité d'internet et des algorithmes de YouTube.

Toutefois, par rapport à ce qui dépend de nous, nous entrons dans cette nouvelle année d'OPChant avec beaucoup d'enthousiasme. En effet, malgré la situation sanitaire bouleversante dans laquelle nous nous trouvons, nous allons poursuivre nos enregistrements et nos publications de chants sur YouTube.

Nous avons aussi reçu plusieurs demandes de conférences (en Suisse et en France notamment). Et par ailleurs, nous collaborons même avec une chercheuse francophone de l'université Wenzao à Taïwan qui s'intéresse à notre projet et donne des conférences à partir de notre projet. Ces conférences feront l'objet d'une publication académique. En bref, l'avenir d'OPChant s'annonce très ensoleillé ! 

SA : Cette année, nous chanterons le reste des introïti pour la Messe. En outre, nous nous concentrerons sur les chants d'Offertoire qui sont chantés lors de la préparation du sacrifice de la Messe.

Depuis le début, nous poursuivrons l'enregistrement de pièces grégoriennes chantées durant la Messe, en suivant le calendrier liturgique. Et nous restons fidèles à notre idéal de publier au moins une vidéo par semaine (et parfois plus).

AF : Oui, et pour soutenir cette expérience auditive et cet enseignement choral, nous allons encore élargir la carte des églises qui nous servent de studios d'enregistrements. Pour nous, c'est un élément important du projet…

 

Très bien, mais qu'est-ce qui vous fait continuer avec ce projet ?  En moyenne, vous avez produit deux vidéos par semaine depuis que vous avez commencé, avec un total de 104 vidéos au jour actuel. Vous avez sûrement d’autre choses à faire. Pourquoi continuez-vous à un tel rythme ?

AF : Personnellement, je continue ce projet car les enjeux qui lui sont liés me semblent extrêmement importants : il en va de la transmission de la foi chrétienne, de la beauté du sacré, d'un encouragement à la contemplation et à la vie de prière, de la promotion des vocations et de la visibilité de l'Ordre dominicain, de la préservation de la Tradition et, en dernier lieu, d'une passion personnelle pour le chant (qui plus est grégorien) ! 

SA : Et nous voyons que le projet met en contact des personnes dans l'Ordre, comme hors de l'Ordre avec le chant grégorien et plus concrètement encore avec le Christ lui-même. Ce sont les témoignages sous forme de courriels et de conversations personnelles qui renforcent notre conviction de l'importance de ce projet.

Mais pourquoi à un tel rythme ?

AF : C'est vrai que le rythme de publication est relativement soutenu. Ce rythme n'est pas immuable, il variera forcément en fonction des circonstances et des conditions concrètes avec lesquelles frère Stefan et moi-même aurons à composer.

Si nous devions par exemple être assignés dans deux couvents différents (ce qui est absolument normal dans le mode de vie d'un religieux dominicain), il est fort probable que nous ralentirons ce rythme.

SA : Sur le plan personnel, c'est aussi tout simplement extrêmement joyeux et épanouissant et bon pour la fraternité entre nous de commencer ensemble un projet qui est pleinement au service de l'Ordre et de la diffusion du message de l'Évangile par la beauté. Je me sens responsable aussi de la sauvegarde et de la transmission d'une tradition ancienne et vivante. Elle m’aide à être avec Dieu : voilà l'essentiel. Ce chant est une prière.

AF : C’est très juste. Et il faut peut-être ajouter que, à l'avenir, il n'est pas impossible que d'autres visages et d'autres voix de frères dominicains soient associés à (ou même reprennent) le projet. Si l'essence de notre projet consiste simultanément en une transmission et une sauvegarde, alors il nous faudra passer le micro à d'autres au moment voulu.

En effet, OPChant, ce n'est pas d'abord « fr. Stefan et fr. Alexandre » qui chantent du grégorien dominicain sur le net, c'est plutôt l'Ordre des Prêcheurs qui, par les voix de deux frères, « crie dans le désert » pour annoncer le Christ. 

Mes frères, félicitations pour ce que vous avez accompli cette année.

Que le Seigneur bénisse votre travail dans l'année à venir !

 

Les frères Stefan Ansinger et Alexandre Frezzato dans l'église de Villarlod pendant une séance d'enregistrement (photos pour cet article : OPChant/la rédaction)

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