OPChant fête 10'000 abonnés

Nos frères chantants ont enchanté le Web

Le 28 novembre 2019, nous avons publié un article annonçant à nos lecteurs le nouveau projet de deux de nos frères étudiants pour enseigner le chant dans la tradition dominicaine sur internet par le biais de la plateforme YouTube : À Fribourg, une initiative novatrice pour le chant grégorien dominicain.

Lorsque cet article est paru, les frères comptaient moins de 200 abonnés sur leur toute nouvelle chaîne, OPChant.

Aujourd'hui, nous sommes ravis d'annoncer que la communauté virtuelle de ceux qui apprennent à chanter avec les frères a dépassé 10’000 personnes.

 

Des internautes de toute l'Europe et d’autres continents suivent les frères Stefan et Alexandre dans leur effort hebdomadaire pour enseigner le monde à chanter dans la grande tradition de notre Ordre. La chaîne OPChant, alors qu’elle est encore jeune, est peut-être l’initiative la plus reconnue des dominicains de Suisse depuis plusieurs décennies.

Les frères Stefan Ansinger (originaire des Pays-Bas) et Alexandre Frezzato (venant du Valais) étudient tous les deux à l'Université de Fribourg et vivent au Couvent St-Hyacinthe. Ils ont conçu leur chaîne comme étant essentiellement didactique. OPChant est la seule chaîne sur internet qui enseigne le chant dans la tradition dominicaine, et de manière systématique. Une vidéo est diffusée chaque semaine, synchronisée avec le calendrier de l'Église. De cette façon, les communautés et les individus qui apprennent avec les frères peuvent préparer chaque morceau de musique avant qu'il ne soit demandé dans la liturgie.

De plus, dans la description en dessous de chaque vidéo, un lien vers la partition musicale complète avec les paroles en latin est fourni. Toute personne qui souhaite apprendre peut prendre une partition en main et la suivre avec les frères. Les frères donnent ainsi un cours hebdomadaire privé et gratuit, destiné tant aux spécialistes qu’à ceux qui n'ont pas de formation particulière mais qui se sentent attirés par la beauté de cette tradition multiséculaire.

Puisque la chaîne est en anglais et propose un contenu exclusivement en latin, elle a pu franchir les frontières et toucher les cœurs de beaucoup de gens de diverses cultures. Des articles ont été publiés sur l’initiative des frères en langue française, mais aussi en allemand, en flamand et en italien, en espagnol et en anglais, en polonais et en ukrainien, en portugais brésilien, en arabe, en vietnamien et en grec.

Ce samedi 25 janvier, le frère Alexandre a été l'invité vedette de l'émission « Anima latina » sur Radio Vatican.

Avec chaque nouvel article ou rapport, OPChant gagne des abonnés et le nombre d'élèves dans le cours virtuel des frères augmente.

Pour célébrer leurs 10’000 abonnés, les frères Stefan et Alexandre ont accepté de rencontrer la rédaction pour une nouvelle interview. Les frères ont apporté à la rencontre un sac de lettres virtuelles : des commentaires reçus par courriel. Des extraits de ces témoignages sont intercalés tout au long de l’interview.

 

Frère Alexandre et frère Stefan, bienvenus. Nos félicitations pour la croissance rapide de cette nouvelle initiative !

On se demandait si vous pouviez répondre à quelques questions pour nos lecteurs.

D’abord, c’est évident que la création de la chaîne OPChant a nécessité de nombreuses heures de préparation et de répétition. On dit que la meilleure façon d'apprendre est d'enseigner : quels ont été pour vous les fruits intellectuels de ce projet ?

Frère Stefan Ansinger :  Un vrai fruit intellectuel est l'étude des textes. Il est important de savoir ce qu’on chante. Nous devons traduire les textes latins afin de pouvoir les chanter avec la plus grande attention. Le chant se concentre sur des textes sacrés, et ce sont les paroles qui génèrent la mélodie.

Frère Alexandre Frezzato :  Je dirais que les fruits intellectuels de notre projet sont avant tout l'efficacité, une facilité grandissante dans le déchiffrage, la familiarité avec le latin, et une conscience du détail. En plus, nos excursions pour filmer des nouvelles vidéos dans des belles églises monastiques a suscité la création d'un petit réseau de communautés dans lesquelles nous sommes accueillis. Il s’agit surtout des communautés de moniales, comme les dominicaines d’Estavayer, de Chalais ou les cisterciennes de la Maigrauge.

 

Est-ce qu’il y a aussi des fruits spirituels ?

AF : Je dirai que ce projet suscite un travail intérieur au niveau des vertus : il faut être patient, tempérant, ambitieux mais pas trop… Il y a aussi une véritable expérience d'amitié fraternelle qui fonde toute cette entreprise : il faut faire des choix ensemble pour les pièces, le montage…

SA : Je trouve que le chant résonne en moi tout au long de la journée. Cela peut créer une certaine expérience de prière « sans cesse », comme l’exprime Saint Paul. (1 Thes 5,17) Le chant dominicain nous donne accès à notre tradition théologique. Un exemple : quoi de plus beau que l'antienne « Dominus dixit ad me, Filius meus es tu, Ego hodie genui Te » (« Le Seigneur m'a dit : tu es mon Fils, aujourd’hui je t’ai engendré ». Psaume 2,7) ? Elle nous donne les paroles que le Père adresse à son Fils le jour de l'incarnation du Verbe éternel. C’est un texte qu’on peut contempler durant toute une vie.

AF : Ce qui me touche aussi c’est la conscience de l’histoire ; à travers ce chant sacré, qui est resté le même, qui a accompagné la prière commune des frères, aimant le Seigneur ensemble, étudiant ensemble. Nous avons ici un trésor qui nous lie à ceux qui nous précèdent et qui ont donné leur vie pour le Christ dans notre Ordre. À notre tour de le transmettre !

   

 Pour mon oreille non entraînée, et pour mon œil un peu plus exercé, ces vidéos sont très bien pensées et construites à tous égards, et le projet mérite donc en soi le succès qui lui sourit. 

Guido Mocellin sur Avvenire.it

Je crois que votre chaîne a été créée en principe pour enseigner le chant à ceux qui le pratiquent dans leurs églises ou leurs communautés. Pensez-vous que la majorité de vos abonnés appartiennent à ces catégories ?

AF : La majorité de nos abonnés ne rentre clairement pas dans ces catégories et je dirai peut-être que c’est tant mieux finalement.

Pourquoi ?

AF : Car ce chant est avant tout une prière, et la prière doit être largement diffusée et pratiquée par tous : elle est structurante pour la vie de tout un chacun, qu'on le croie ou non...! Nous espérons qu'en incarnant notre tradition par ce chant, les gens finiront par s'intéresser à Celui à qui s’adressent ces chants. Mais cela n'empêche en rien d’écouter quelques pièces grégoriennes en effectuant des activités quotidiennes, même les plus anodines…

SA : Le groupe d’abonnés est devenu très divers. Il y a un grand nombre de ceux qui ne croient pas nécessairement mais qui aiment simplement écouter.

AF : Pour certains quand même, c'est vraiment une façon de prier. N'oubliez pas que nous avons affaire à des textes issus pour la plupart de la Bible. La signification de la Révélation peut donc être communiquée par cette musique. C'est même une façon de faire sa lectio divina.

SA : Nous savons également que les jeunes aiment particulièrement le chant en latin. Je me souviens en particulier des réponses d'étudiants de notre Université à Fribourg. Il est très stimulant de voir que ce milieu est intrigué par notre initiative.

 N'arrêtez pas de persévérer – de choisir la sainteté qui accompagne le fait de quitter le monde. N'arrêtez pas ce que vous faites. Et que notre Seigneur vous donne de plus en plus de motivation et de bénédictions pour continuer cette belle idée de partager tous ces chants. 

Paola Ingrid Marín Castro

En effet, les réactions à votre projet ont été nombreuses…

AF : C’est vrai. Le nombre de retours positifs de toutes côtés est très impressionnant, cela montre que nous répondons à un besoin actuel.  

SA : Dernièrement, lorsque j'ai rendu visite à nos sœurs dominicaines à Voorschoten, j'ai chanté dans les couloirs du couvent le Puer Natus et le In Medio Ecclesiae. Une sœur – qui a pourtant déjà 90 ans – m'a rejoint immédiatement. J'ai vu dans ses yeux combien elle aimait chanter ce chant qu’elle avait gardé dans son cœur.

AF : Pour moi, les messages les plus marquants ont été ceux de jeunes qui nous disent le bien que ça leur procure de voir que cet héritage est bien vivant et qu'il est accessible à tous. 

 Je cherchais 'adoro te devote' sur YouTube. En appelant Google, il m'a renvoyée sur 'Dorothée devotée' ! Mais enfin je suis tombée sur votre chaîne. J’aime beaucoup vos voix et le cadre que vous choisissez. Le chant nous positionne dans l'axe de l'histoire. Je chanterai avec vous. 

J.G., France

Vous avez attiré l’attention des gens bien loin de Fribourg. Quelles cultures ont répondu avec le plus d'enthousiasme à OPChant ?

SA : Je sais que nos vidéos ont aidé des chœurs de chant grégorien (scholae) en Angleterre et en Amérique. C’était le but originel de notre projet.

AF : Je dirais que les américains sont les plus enthousiastes…  

SA : En tout cas, ce sont les anglophones qui ont répondu en premier. C'est après un article de LifeSite, rédigé à Toronto au Canada, que notre chaîne a commencé sa croissance…

AF : Mais ensuite, il faut dire que les échos sont très nombreux et tout aussi enthousiastes en Suisse et aux Pays-Bas, ce qui est normal étant donné que ce sont nos pays d'origine. 

SA : Et puis d'autres pays ont suivi. Dernièrement, il s'agit de pays comme la Pologne, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, la Grèce, la Lituanie, le Brésil, la Russie…

 Au nom de toute âme dont la foi en Jésus-Christ et en son Église va s'approfondir grâce à vos efforts, merci du fond du cœur, et grâce à Dieu. 

Matthew Talbott (États-Unis)

Très bien, mais y a-t-il eu des réactions venant spécifiquement des frères dominicains ? Qu'ont-ils dit ?

SA : Je me souviens qu'un de nos frères aînés nous a donné des conseils très utiles lorsque nous avons enregistré quelques morceaux de chant. Il nous a demandé de prolonger certaines notes et de respirer à certains moments. C'était vraiment beau : un frère aîné qui avait été formé au chant à l’époque, nous donnant des conseils pour améliorer notre chant, de manière tout-à-fait spontanée.

AF : En fait la plupart des frères sont très soutenants et enthousiastes. Après, c'est toujours pareil, ceux qui n'apprécient pas ne vous le disent pas forcément, mais ça nous est bien égal… (rires)

SA : Beaucoup des frères âgés sont très heureux qu'il y ait de jeunes frères qui redécouvrent cette tradition. J’ai vu que pas mal de frères ont partagé notre projet aussi sur les réseaux sociaux.

 C'est une façon attrayante de faire connaître la riche tradition dominicaine. Ici, les personnes à qui j'en parle doivent se retenir de ne pas regarder et écouter trop de vos vidéos à la fois. Le chant grégorien demande de la modération : un extrait par jour suffit. Mais tout le monde est ravi qu'une offre aussi riche se développe. 

Theo Ruiter, laïc domincain (Pays Bas)

AF : Cela peut paraître étonnant, mais les anciens qui connaissent bien le répertoire grégorien et qui l'ont chanté autrefois sont souvent plus enthousiastes que les jeunes.

SA : Un jeune frère m'a quand même fait une bonne remarque : ce projet met ensemble le concret et le sublime. Il voulait dire que nous utilisons un moyen technique pragmatique pour diffuser quelque chose qui est au fond transcendant.

AF : Il s'agit d’offrir au monde quelque chose qui n'est pas purement utilitaire, ni éphémère, mais qui nous entraine dans une belle tradition plus vaste que nous-mêmes.

SA : Oui, enfin nous espérons être des instruments – dans ce cas, nous sommes quasi-littéralement des instruments – pour toucher le cœur de nos auditeurs. Par nos chants, on propose aux gens qu'ils se laissent entrainer doucement dans la prière. Cela peut rendre gloire à Celui qui a créé toute beauté.

AF : Amen.

Merci, les frères !

image : OPChant

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