Interview : Une mission toujours essentielle

Conversation avec le frère Nathaniel Maria Mayne

Frère Nathaniel Maria Mayne est originaire de Californie et a rejoint notre ordre en tant que novice en 2017. Il est arrivé il y a seulement quelques semaines ici à Fribourg. Il étudie la théologie cette année à l'Université.

Lors d'une conversation spontanée avec le frère Nathaniel Maria, nous avons appris la bonne réputation des théologiens fribourgeois sur la côte ouest des États-Unis. Nous avons également entendu une note tenace d'espoir...

La Rédaction : Bonjour frère Nathaniel Maria. Merci d'avoir accepté de discuter avec nous aujourd'hui. Pour commencer, peux-tu nous dire un peu d'où tu viens ?

Frère Nathaniel Maria Mayne : Bonjour, je viens de Livermore, en Californie, une ville près de San Francisco.

Réd. : Tu viens donc de la province du Très Saint Nom de Jésus, tout comme le frère Andrew Thomas Kang, qui était avec nous l'année dernière ?

NMM : Tout à fait.

Réd.  : Est-ce que tu as été élevé dans une famille catholique ?

NMM : En partie, oui. Ma mère était catholique et venait d'une famille catholique, tandis que mon père était protestant. En grandissant, ma relation avec la foi était donc un peu compliquée. Je n'allais à l'église que lorsque ma mère le faisait, ce qui était rare. J'ai même flirté avec l'agnosticisme à un moment donné. Mais à la fin du lycée, j'étais perdu et j'ai commencé à chercher des réponses spirituelles.

Réd. : Comment es-tu finalement entré en contact avec l'Église, ou qu'est-ce qui t'a amené à t'impliquer davantage dans la foi ?

NMM : Eh bien, j'avais l'impression de ne pas avoir de direction dans la vie. J'ai donc commencé à lire sur la religion et la philosophie pour essayer de comprendre le sens de mon existence. C'est alors que j'ai découvert la tradition intellectuelle de l'Église catholique, en particulier la pensée de Saint Thomas d'Aquin. Ce fut une révélation pour moi, et j'ai commencé à approfondir ma foi et à me plonger dans la philosophie et la théologie. Je fais partie de ceux dont on peut dire qu'ils sont entrés dans la foi par la lecture.

Réd. : Un vrai dominicain, alors (rires).

NMM : Il vaudrait mieux dire, typique d'une certaine variété de dominicains (rires).

Réd.  : Et les études sont d’ailleurs la raison pour laquelle tu es ici à Fribourg. Dans quel domaine travailles-tu, et qu'est-ce qui t'intéresse en particulier ?

NMM : Je suis à Fribourg pour m'imprégner de la tradition théologique de l'Université de Fribourg en particulier.

Réd. : Notre réputation nous précède.

NMM : En effet. J'aimerais en particulier explorer la christologie. J'ai toujours été fasciné par des théologiens comme Charles Journet, Jean-Hervé Nicolas et Jean-Pierre Torrell, qui ont tous enseigné à Fribourg.

Réd.  : Le père Torrell est toujours vivant et actif à l'âge de 96 ans. Il suffit de prendre rendez-vous avec lui à l'Albertinum…

NMM : Je le ferai sûrement.

Une vidéo présentant le frère Jean-Pierre Torrell, qui est une source d'inspiration pour le frère Nathaniel.

Réd.  : Travailles-tu sur quelque chose de précis cette année, comme projet de recherche ?

NMM : Oui. J'ai récemment soutenu un mémoire sur l'influence de la pensée christologique post-chalcédonienne sur Saint Thomas d'Aquin. Actuellement, je m'intéresse aux rapports entre les mystères de la Trinité et de l'Incarnation.

Réd.  : Cela semble être un domaine très intéressant.

NMM : Eh bien, je suis sur le point de découvrir si c'est vraiment le cas (rires).

Réd.  : Et qu'est-ce qui vous passionne en dehors de vos études ?

NMM : Beaucoup de choses. En dehors de mes études, ma plus grande passion est la musique. J'ai commencé à jouer de la contrebasse à l'âge de 11 ans, et j'en suis immédiatement tombée amoureux. J'ai passé beaucoup de temps à m'entraîner et à jouer dans des orchestres. Bien que je ne sois pas devenu un musicien professionnel comme je l'avais envisagé à l'université, j'aime toujours jouer et écouter de la musique classique.

Réd. : Nous avons toujours besoin de frères avec un penchant pour la musique au couvent. Cela améliore la qualité de nos chants...

NMM : Je suis prêt à aider (rires).

 J'ai commencé à jouer de la contrebasse à l'âge de 11 ans, et j'en suis immédiatement tombée amoureux. J'ai passé beaucoup de temps à m'entraîner et à jouer dans des orchestres. 

Réd.  : Enfin, à propos d’un sujet plus large, beaucoup s'inquiètent du déclin de la pratique religieuse en Europe et aux États-Unis. En tant que jeune frère, comment vois-tu l'avenir de l'Église dans ce contexte ?

NMM : C'est certainement une préoccupation, mais je ne pense pas que l'effondrement de l'Église soit inévitable. Loin de là ! La sécularisation se produit au niveau macroscopique, au niveau des sociétés entières. Mais on ne peut pas oublier que les âmes sont sauvées une à une. En tant qu’individu, dans l’espace intime de mon cœur, j'ai senti la grâce de la conversion. Et ma propre expérience pourrait être étendue à celle de toute l'Église.

Réd.  : Comment cela ?

NMM : L'Église est vivante dans de nombreux cœurs même si les démographes nous disent que l'institution est malade. Sa mission est toujours essentielle. Pour citer un penseur bien connu,

« Nous devrons compter avec de formidables bouleversements. Mais je suis tout aussi certain de ce qui restera à la fin : non pas l'Église du culte politique, qui est déjà morte, mais l'Église de la foi. Elle ne sera peut-être plus la puissance sociale dominante dans la mesure où elle l'était encore récemment ; mais elle connaîtra une nouvelle floraison et sera considérée comme la maison de l'homme, où il trouvera la vie et l'espérance au-delà de la mort. »

— Le pape Benoît XVI a dit cela alors qu'il n'était encore que l’abbé Joseph Ratzinger, lors d'une célèbre émission diffusée à la radio allemande en 1969. 

Réd.  : J'ai entendu parler de cela. Mais beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis 1969…

NMM : Ah mais le pape Benoît a répété et développé la même idée tout au long de sa vie. En 2009, Ignatius Press a publié ce discours – qu'ils ont intitulé « A quoi ressemblera l'église en l'an 2000 » – dans un livre intitulé Faith and the Future. De plus, la deuxième encyclique du pape Benoît, Spe Salvi, (« Sauvés dans l'espérance », 2007) parle de l'espoir que Dieu donne aux hommes dans un monde qui semble désespéré.

Réd.  : Je remarque que l'espoir est un peu pour toi un leitmotiv.

NMM : Tout à fait.

Réd.  : Mais quelle est la source des difficultés actuelles de l'Église d’après toi ?

NMM : Je pense que, pour le chrétien d’aujourd’hui, la question de savoir « pourquoi » l'Église s'effondre est d'une importance secondaire. Ce qui est primordial, c'est que l'Église est le corps du Christ. De même que la tête protège le corps de la destruction, le Christ, Tête de l’Église, protège son Corps. Mais Jésus n'a jamais promis que l'Église aurait également du succès aux yeux du monde.

Réd.  : C'est ce qui est parfois si effrayant.

 De même que la tête protège le corps de la destruction, le Christ, Tête de l’Église, protège son Corps. Mais Jésus n'a jamais promis que l'Église aurait également du succès aux yeux du monde. 

NMM : Mais n’oublions pas que le Seigneur a promis, « la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle ».

Réd. : Ça veut dire quoi, pour toi ?

NMM : Au fond que l'on peut rester lucide sur les défis qui attendent l'Église sans tomber dans le bourbier du découragement.

Réd.  : Qu'il en soit ainsi ! Je pense que c'est une bonne façon de terminer notre entretien, frère Nathaniel Maria.

NMM : Merci de m'avoir donné l'occasion de me présenter un peu.

Réd. : Merci pour cette discussion enrichissante. Tu nous apportes un regard qui vient de loin.

NMM : Ce fut un plaisir de discuter.

Le frère Nathaniel Maria Mayne (photos pour cet article : fr. Ivan Zrno)

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