Maurice Tornay : un témoignage de dévouement missionnaire

365 jours avec le bienheureux Maurice Tornay. Textes choisis par le chanoine Joseph Voutaz. Éditions Saint-Augustin, 2024, 81 pages.

Voilà un nouveau livre qui reprend chaque jour de l’année une phrase ou une maxime du chanoine Maurice Tornay, assassiné au Tibet en 1947. Édité par Saint-Augustin, ce fascicule de moins de 100 pages a été composé par le chanoine Voutaz, curé d’Orsières et du Val d’Entremont. Aucune référence bibliographique. Je regrette l’absence de celles des livres édités sur Maurice, en particulier, « Martyr au Tibet » de Robert Loup, que je lisais quand j’avais 15 ans.

Je reviendrai plus tard sur les pensées et réflexions de Maurice Tornay. J’ai ouï dire que sa tombe se vénère à Yerkalo, au Tibet, et qu’elle attire même des pèlerins suisses.

Quelques citations :

• « Au reste, si je meurs, je vais au Ciel. Si je ne meurs pas, je vous reverrai dans un mois. »
• « Il faut nous dépêcher. D’autres, à notre âge, étaient saints. »
• « Il y a un Dieu qu’il faut servir de toutes ses forces. C’est pour cela que je suis parti, c’est pour cela que vous avez bien supporté mon départ. »
• « Tu apprendras à tes enfants l’amour de la terre, n’est-ce pas ? Le respect de ceux qui ont les mains salies par le travail ? Surtout, tu leur apprendras à prier. »
• « Ne va jamais te coucher sans avoir prié. C’est la voie de la paix en ce monde et dans l’autre. »

Commentaire

Maurice Tornay est un fruit de la vague missionnaire du XIXe siècle. Persuadée que les non-chrétiens sont damnés et voués à la perdition, l’Église de ce temps devait leur porter secours. La mission est donc pour elle un impératif, essentiellement spirituel, mais aussi matériel en apportant aux prétendus « païens » les bienfaits (?) de la civilisation occidentale. Je ne pense pas que Tornay ait soupçonné un jour la richesse spirituelle du bouddhisme tibétain. Invention diabolique, comme l’ancienne religion rwandaise, si j’en crois ce qu’en disaient ou en écrivaient certains missionnaires de ce passé révolu.

Animé par une foi intrépide, fondée sur l’enseignement de l’Église de son époque, Tornay vit sans doutes et va jusqu’au bout de sa générosité et de son don missionnaire. Dieu et Jésus sont des évidences incontestables.

Ce qu’il veut pour les Tibétains, il le veut aussi pour sa famille et son Valais natal. Il vit un temps irénique, mais peu marqué par l’œcuménisme. Seule l’Église romaine mérite sa confiance. Ce qui ne l’empêche pas d’aimer les Tibétains et de courir pour ce qu’il pense être leur bien des risques mortels. D’où sa sainteté : il aime les hommes comme le Christ nous aime tous, jusqu’à nous faire don de sa propre vie. Aucune hésitation ne vient perturber la foi de Maurice. Sa vie ne lui appartient plus depuis sa profession de vœux religieux. Elle est à son Seigneur et à l’humanité souffrante.

L’Écho Magazine du 8 août dernier consacre tout un article à Maurice Tornay. On évoque une possible canonisation après avoir mentionné des miracles qu’on lui attribue. De là, ces commentaires de chanoines qui l’ont connu ou entendu parler de lui : « Maurice Tornay est une figure dont les croyants peuvent toujours être proches. »… « Il a prêché dans un milieu hostile. Ce qui rend son expérience actuelle, ici. Il était épris d’absolu et s’est abandonné à Dieu. Il s’est rendu compte qu’il faisait ce qu’il pouvait et que Dieu faisait le reste. »

Le 11 août, le martyre de Maurice sera commémoré à Orsières. Ce village fut sa paroisse. Le lendemain, nouvelle commémoration à La Rosière, son village natal. Les jeunes (et les moins jeunes) seront-ils de la partie ? Ne serait-ce que pour entendre son nom la première fois de leur vie ? Puissé-je être déçu en bien !