« Ma grâce te suffit »

  • Fr. Guy

Homélie pour ce 14ème dimanche du Temps Ordinaire (Mc 6, 1-6)

Après son départ de l'atelier familial de Nazareth, Jésus revient à son lieu d'origine. Non pas seul, mais avec des disciples qui le suivent. Sa réputation l'a précédé. Il en donne une preuve dans son enseignement à la synagogue du village : la sagesse de son discours et les miracles qui le confirment.

Mais les proches, ceux qui l'ont vu grandir au milieu d'eux sont « choqués ». Il les déçoit en bien. Pourquoi est-il si différent de ses frères et de ses sœurs dont ils citent les noms. Qu'a-t-il de spécial, ce Jésus ? Sa personne dérange. Pour qui se prend-il ? Ses proches ne peuvent percevoir la marque spéciale de Dieu dans ce Nazaréen né parmi eux. Finalement, les retrouvailles se terminent mal. Parce que toute tête qui surpasse celle des autres est bonne à couper. Mais selon ce passage de Marc, cette fois-ci, Jésus sauve la sienne en quittant son village. La non-reconnaissance par les siens de ce qu'il est vraiment - la foi est une reconnaissance - l'empêche de réaliser chez lui le moindre miracle. Il quitte alors son village. Il sera mieux accueilli par des gens moins prétentieux, sans jalousie, plus simples, plus aptes à percevoir le mystère qui émane de sa personne. Et ils en recueilleront les fruits.

« Pour vous, qui suis-je ? ». Une question de Jésus à ses disciples - donc à nous autres - qui n'a rien perdu de son actualité. Pierre a répondu : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant». Mais a-t-il répondu au nom de tous les disciples, ceux d'hier et ceux d'aujourd'hui ?

Beaucoup d'humains ne se retrouveront pas dans sa déclaration. Le nom même de Jésus leur est inconnu. Pour ne rien dire de ses faits et gestes. Et puis, diront d'autres : « Avons-nous besoin de cet homme pour nous conduire à Dieu ? D'autres prophètes - et ils sont nombreux - prétendent eux aussi détenir ce rôle et être investis de cette mission ».

Qu'a donc de particulier ce Jésus, que certains appellent « prophète de Galilée » ? C'était déjà la question de sa parenté de Nazareth. Bien sûr, nous ne nions pas l'incarnation. Nous croyons avec l'Église que Jésus a partagé toutes les fibres de notre humanité. Mais par-delà cette fragilité et à l'intime de cette fragilité, la puissance et la justice de Dieu se sont manifestées.

C'est pourquoi nous adhérons à cette formule paradoxale de Paul : « C'est lorsque je suis faible, c'est alors que je suis fort ».

Notre foi affirme qu'une résurrection survient nécessairement après une mise en croix. Mais adhérons-nous vraiment à cette foi ?

Paul savait pourtant ce qu'il disait. Ce même dimanche, l'apôtre parle d'une écharde dans sa chair qui le blesse depuis longtemps.

Quelle blessure ? Il n'est pas nécessaire d'en connaître la nature. Il suffit de savoir qu'elle existe et le blesse depuis des années sans aucune rémission. On dirait aujourd'hui qu'il doit s'en accommoder, faire avec. A trois reprises Paul a prié pour être guéri.

La seule réponse qui lui fut donnée furent ces trois mots énigmatiques : « Ma grâce te suffit ». Vite dit, bien dit. Une façon pieuse de couper court à sa supplication ? Ou alors, quel sens acceptable donner à cette formule ?

Je n'entrerai pas dans les siècles de controverses théologiques que ce mot grâce a suscités. Il me suffit de me souvenir que Marie fut saluée par Gabriel comme « pleine de grâce » au moment où elle était investie d'une mission difficile et se demandait comment tout cela allait se passer. Le verset qui suit la salutation de l'ange l’explique : « Le Seigneur est avec toi ». Autrement dit, la grâce est la présence du Seigneur dans les situations difficiles et quasi désespérées. Elle allège nos solitudes et ranime l'espérance de voir advenir un jour meilleur.

Ne pensez-vous pas, comme je le pense, que le moment est venu pour Il exprime le ressenti d'une immense souffrance Notre foi nous assure au contraire que ce Père a porté son fils souffrant jusqu'au matin de la Résurrection. De la même façon, ce même Père continue de nous porter dans nos misères et nos épreuves. Y croyons-nous suffisamment ?

Cette image a été créée avec l'aide de DALL·E

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