L’impossible retour d’Amélie Nothomb

  • Fr. Guy

Un voyage entre mémoire et réalité

Amélie Nothomb – L’impossible retour. Roman, éd. Albin Michel, 2024, 158 pages.


La quatrième de couverture du dernier roman d’Amélie Nothomb : « Tout retour est impossible, l’amour le plus absolu n’en donne pas la clé. » Cette citation pourrait nous mettre sur la piste de ce retour impossible évoqué par le titre du roman. Retour vers quoi ? Vers qui ? Nous allons le découvrir au fil de notre lecture. Notre site, habitué à parler de certaines œuvres d’Amélie Nothomb, renoue aujourd’hui avec ce fil.

Comme toujours, dans ce genre d’ouvrage, il est difficile de marquer la frontière entre le récit autobiographique et la composition romanesque. Je déduis que l’auteure a choisi de vivre à Paris et qu’elle redoute de quitter cette ville, ne serait-ce que provisoirement.

Sa relation avec le Japon est plus compliquée. Elle a grandi en terre nippone ; elle a même songé ou rêvé de s’y établir. Elle ne pensait plus y retourner quand une amie insista pour qu’elle soit son guide dans ce Japon fabuleux qu’elle désirait elle aussi découvrir un jour. Mais l’auteure, qui a pris de l’âge, résiste, se crispe, puis s’abandonne à la proposition de son amie. Une histoire à la « je t’aime, moi non plus » lie le Japon et Amélie. Le retour au Japon est donc difficile. Serait-il aussi « impossible », selon le titre du roman ? Je dois en lire davantage pour le savoir. Le mot « Japon » symbolise-t-il tous les retours à des étapes révolues ? Un autre écheveau à démêler.

Après une dernière hésitation, l’avion déploie ses ailes pour un long voyage vers le Japon. Amélie poursuit sa vie quotidienne. Dès quatre heures du matin, elle compose ses romans et les écrit. Arrivée à Osaka, même frémissement qu’autrefois quand l’avion semble piquer du nez vers la mer. Puis un train les emmène à Kyoto.

Une cinquantaine de pages pour décrire leurs découvertes et retrouvailles dans l’ancienne ville impériale. Quelques rares réflexions sur cette aventure, écrites avec finesse et humour. Je me suis demandé si le contenu aurait pu figurer dans un feuillet de l’Agence du tourisme de cette ville, qui a échappé à la bombe atomique grâce à l’intervention d’un soldat américain qui avait célébré son mariage à Kyoto. Ce que je viens de lire !

Toutes ces pages sur Kyoto ne donnent aucun indice attestant que ce retour au Japon fut impossible. Attendons l’escale de Tokyo pour en savoir davantage.

Patatras ! Tout commence par des ennuis ferroviaires perturbants, puis la recherche d’un hôtel fait déguerpir l’amie d’Amélie. Cette dernière rappelle au passage son livre Stupeur et tremblements, où elle faisait état de son travail à Tokyo et de l’humiliation que ce poste lui valut. Dans ma candeur, je pensais que c’était la cause de l’impossibilité de ce voyage. En fait, le Japon n’est pas en cause, mais le retour incessant vers un idéal qui, selon Nietzsche, n’existe pas. Une question d’identification insoluble. Les dernières pages du roman le confirment :

« Plus le temps passe, plus j’ai l’impression que nous sommes nombreux dans la confrérie. Nous qui avons perdu un lieu aimé à quelque titre que ce soit, et qui avons tenté de le retrouver pour découvrir l’impossibilité du retour. »

Cette image a été créée avec l'aide de DALL·E

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