Lève-toi, pourquoi dors-tu, Seigneur ?
Le « Canticum de Passione Domini » est une méditation sur la Passion de notre Seigneur Jésus-Christ et une tradition dominicaine.
Il s'inspire des extases mystiques de sainte Catherine de Ricci qui l'ont unie à Jésus Crucifié.
Selon la tradition, ces versets sont chantés solennellement dans l'Ordre dominicain chaque vendredi pendant le Carême.
Nos frères Alexandre Frezzato et Stefan Ansinger, les fondateurs de la chaîne YouTube OPChant, ont produit un enregistrement de cette œuvre intemporelle.
Leur vidéo est entièrement sous-titrée en anglais.
Le cantique est disponible sous forme de livret, ici.
Notre traduction du cantique en français se trouve ci-dessous.
C'est une bonne occasion d'en apprendre un peu plus sur notre soeur Catherine et ses intuitions spirituelles sur la Passion du Seigneur.

Sainte Catherine de Ricci a vécu en Toscane au XVIe siècle. Elle était membre d'une communauté cloîtrée de religieuses du Tiers Ordre de saint Dominique, disciples du célèbre frère dominicain Girolamo Savonarola qui suivaient un régime de vie très strict.
Sainte Catherine expérimentait des visions miraculeuses et des rencontres avec Jésus, sous la forme d'un enfant et sous sa forme adulte. Elle a saigné spontanément des blessures du Christ crucifié : elle a reçu les stigmates, comme sainte Rita de Cascia ou saint François d'Assise. Elle est vénérée pour ses visions.
Sainte Catherine nous a donné un beau cantique qui est particulièrement adapté au Carême.
Ce cantique est composé de deux parties.
Dans la première partie, le divin Rédempteur Lui-même passe en revue les principales phases de sa Passion, en reprenant les paroles des prophètes et des évangélistes.
Cette représentation du sacrifice sur la croix par la Victime lui-même a quelque chose de profondément émouvant. Alors que nous entendons les cris plaintifs de son amour, nous embrassons, dans nos pensées, tout le drame de sa Passion. Le cœur s'abandonne aux sentiments inspirés par la gratitude et l'amour pour un Dieu qui nous a tant aimés.
Dans la première partie donc, c'est le Seigneur qui parle.
Voici une traduction approximative du texte latin. L'astérisque indique une pause usuelle au milieu de chaque ligne :
Le monologue de Jésus-Christ :
Mes amis et mes proches * se sont approchés de moi et se sont dressés contre moi.
J'ai été livré et je ne suis pas sorti ; * Mes yeux ont langui à cause de la pauvreté.
Et ma sueur est devenue comme des gouttes de sang, * qui coulent sur le sol.
Car beaucoup de chiens m'ont encerclé * le conseil des malins m'a assiégé.
J'ai donné mon corps aux ceux qui me persécutent * et mes joues à ceux qui les ont arrachés.
Je n'ai pas détourné mon visage de ceux qui me réprimandaient * et crachaient sur moi.
Car je suis prêt pour les fléaux, * et ma douleur est continuellement devant moi.
Les soldats, tressant une couronne d'épines, * l'ont placée sur ma tête.
Ils ont creusé mes mains et mes pieds ; * ils ont compté tous mes os.
Et ils m'ont donné du fiel pour nourriture ; * et dans ma soif, ils m'ont donné du vinaigre à boire.
Tous ceux qui m'ont vu se sont moqués de moi ; * ils ont parlé avec leurs lèvres et ont remué la tête.
Ils m'ont regardé et fixé du regard ; * ils ont partagé mes vêtements entre eux et ils ont tiré au sort mon vêtement ils ont tiré au sort.
Je remets mon esprit entre tes mains ; * Tu m'as racheté, Dieu de vérité.
Souviens-toi, Seigneur, de tes serviteurs, * quand tu entreras dans ton royaume.
Et Jésus ayant crié d'une voix forte, rendit l'esprit.
Dans la deuxième partie, nous réagissons à ce que le Seigneur a dit. Cette deuxième partie est entièrement consacrée aux réflexions que ce grand mystère inspire dans notre cœur, toujours dans la belle langue de l'Écriture, qui en dit tant en si peu de mots.
C'est d'abord un cri de gratitude pour les miséricordes du Seigneur qui retentit jusque dans l'éternité. Ce cri est suivi d'un regard de regret sur tout ce que nous avons fait enduré à notre Libérateur. Puis, après une exclamation clamant sa bonté pour nous et un acte de confiance en notre Sauveur, le cantique se termine par une humble prière. On prie le Christ pour que les mérites de son sang versé nous soient appliqués.
La réflexion :
Je chanterai les miséricordes du Seigneur * pour l'éternité.
Il a certainement porté nos infirmités et nos peines.
Il a été meurtri pour nos péchés.
Nous nous sommes tous égarés, comme des moutons ; * chacun s'est écarté de sa propre voie.
Car le Seigneur a pris sur lui toutes nos fautes.
Lève-toi, pourquoi dors-tu, Seigneur ? * Lève-toi et ne nous rejette pas jusqu'à la fin.
Voici que Dieu est mon Sauveur, * je traiterai avec confiance, et je ne craindrai pas.
Nous Te prions, Seigneur, d'aider Tes serviteurs que Tu as rachetés par Ton précieux sang.
℣. Aie pitié de nous, ô Jésus bénin. ℟. Qui, dans Ta clémence, a souffert pour nous.
Baisse les yeux, nous T'implorons, Seigneur, sur cette famille pour laquelle Notre Seigneur Jésus-Christ n'a pas hésité à être livré aux mains des méchants, et à subir les tourments de la Croix.
Ce cantique est censé avoir été donné à sainte Catherine par la Vierge Marie elle-même, dans une vision. En transmettant ce cantique à Catherine, la Vierge lui a ordonné de le propager dans son monastère, comme une forme de contemplation et de prière qui plaît à son Fils.
Le confesseur de Catherine, le frère Philippe Guidi, soumit le cantique à l'approbation de l'Ordre. Le Maître de l'Ordre, alors le père Francesco Romeo de Castiglione, a permis son utilisation, et pas seulement dans le monastère de sainte Catherine. Par une lettre adressée à toutes les provinces, il l'inscrivit parmi les pratiques de dévotion de l'Ordre tout entier.
Catherine, contre la volonté de son père, qui, comme il convenait à l'époque, avait planifié sa vie en détail, se consacra entièrement au Christ. C'est dans la Croix qu'elle a trouvé la force de porter sa propre croix. Les fruits de son union avec le Sauveur furent de nombreuses grâces et dons, et parmi eux ce cantique.
Tout cela ne l'a pas éloigné de son fonctionnement normal dans la communauté et dans l'Église. Catherine a exercé à plusieurs reprises la fonction de supérieure. Elle a conseillé des pauvres de la région, mais aussi des évêques et des cardinaux, dont 3 futurs papes.
À une époque où le scandale dans l'Église était très répandu, elle a demandé que les sources de sa sainteté soient recherchées au Calvaire.
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