L’espérance ne déçoit pas

  • Fr. Guy

Spes non confundit

Pape François : L’espérance ne déçoit pas. Bulle d’indiction du Jubilé ordinaire de l’année 2025. Rome, 9 mai 2024, jour de l’Ascension du Seigneur. Éditions du Cerf 2024, 58 pages.

Une fois de plus, je me suis laissé séduire par le format réduit de cette publication et, bien sûr, par la personne et l’autorité de son auteur. De plus, le thème de l’espérance me parle particulièrement ces jours-ci.

En me procurant cet ouvrage, j’ignorais qu’il fut une bulle papale officielle introduisant l’« année sainte ordinaire » de 2025. Sans être particulièrement friand de ce genre d’événements ecclésiaux, la lecture de ce document ne me laissa pas indifférent.

Cette bulle porte la marque de Paul, martyrisé à Rome deux millénaires avant le pontificat de François. Dans sa Lettre aux Romains, que l’apôtre désirait connaître et rencontrer, Paul affirme son espérance fondée sur l’amour que, en Jésus, Dieu nous porte. Une espérance qui défie tous les malheurs réels ou imaginables qui pourrissent notre vie (Rm 8,35-39). C’est donc au sein de la détresse que se manifeste l’espérance, une vertu qui s’accompagne de la patience, si décriée à l’heure d’Internet, où tout doit se passer très vite, ici et maintenant.

Notre pape « écolo » commence par plaider la cause de l’attention patiente et émerveillée face au monde qui nous entoure, suivant en cela l’exemple de François d’Assise. François de Rome nous invite à commémorer cette année le huit-centième anniversaire du chant du Poverello d’Assise à la louange de la création.

François, comme Paul, témoigne avant tout que Dieu est patient. Il nous supporte malgré nos infamies. D’où notre espérance indéracinable en son amour.

Il est bon que nous ayons des moments forts pour nous en persuader. Le pape songe aux années jubilaires et aux pèlerinages qui scandent l’histoire chrétienne. Il en donne même une liste qu’il affectionne personnellement. Autant d’oasis de spiritualité, anciens ou modernes, pour reprendre les mots du pape. La ville de Rome devrait être un de ces pôles en cette année jubilaire. Le pape ne manque pas d’y inviter particulièrement les chrétiens orientaux, catholiques ou orthodoxes, surtout ceux que la guerre ou l’intolérance ont chassés de leur terre natale.

Puis le pape attend du jubilé des signes concrets d’espérance. Tout d’abord, la paix, qui pourrait surgir par miracle des décombres causés par la guerre et autres violences. J’aurais aimé que François fasse clairement allusion à quelques essais, même timides, en ce sens. Hélas, je ne les trouve pas dans sa bulle.

Un autre signe d’espérance : l’ouverture à la maternité et à la paternité responsables, alors que la dureté des temps a tué chez beaucoup de jeunes l’enthousiasme de donner la vie. De la joie enfin, car la tristesse qui se niche dans les cœurs érode l’espérance.

D’accord, très saint Père, mais j’ai hâte de vous entendre chanter plus souvent « la ballade des gens heureux ». C’est sans doute trop vous demander par les temps qui courent.

Pourtant, vous ne désespérez pas de voir surgir au cours de cette année jubilaire des signes tangibles d’espérance.

Nous retrouvons vos préoccupations habituelles : une amnistie et un meilleur traitement pour les prisonniers, l’accueil des migrants, des exilés, des déplacés chassés de leur terre natale, les personnes âgées qui font l’expérience de la solitude et de l’abandon, et parmi elles, les grands-parents, transmetteurs de la foi, ainsi que « les milliards de pauvres » qui manquent du nécessaire pour vivre. Ce sont des victimes, non des coupables. Le pape encourage la création d’un fonds mondial, alimenté avec les ressources vouées aux dépenses militaires, pour favoriser le développement économique des pays pauvres.

Je doute que cet appel précis du pape soit entendu par les concernés. Pas plus que la remise des dettes financières ou écologiques qui pèsent sur le dos des pays les plus pauvres.

Toute autre chose, la bulle du pape rappelle que cette année jubilaire commémore aussi les 1700 ans du Concile de Nicée, un acte ecclésial qui rassembla, dans la foi en la divinité de Jésus, la chrétienté de ce temps bien lointain. Toutes les Églises chrétiennes sont invitées à s’en souvenir, en particulier de son « Credo ».

La dernière page est consacrée à l’ancre, qui empêche une embarcation de dériver au gré du mauvais temps. Symbole de l’espérance, qui nous agrippe au bonheur que nous réserve la vie éternelle. Je m’en voudrais de ne pas citer, en conclusion de la présentation de cette bulle, les phrases qui suivent :

« Quel bonheur attendons-nous et désirons-nous ? Non pas une joie passagère, une satisfaction éphémère, où l’âme humaine n’est jamais rassasiée (...) Nous avons besoin d’un bonheur qui s’accomplisse définitivement dans ce qui nous épanouit, c’est-à-dire l’amour, afin que nous puissions dire dès maintenant : Je suis aimé, donc j’existe. Et j’existerai toujours dans l’Amour qui ne déçoit pas et dont rien ni personne ne pourra jamais me séparer. »

Cette image a été créée avec l'aide de DALL·E

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