Les nouveaux missionnaires ?
- Fr. Guy
Le Bulletin de liaison de la Province dominicaine de France « Prêcheurs », paru en mars dernier, publie un entretien mené par le frère Erik Ross avec le frère Jean-Charles Poathy, de la Province dominicaine Charles Langwa en Afrique centrale. Il porte sur le statut social et religieux des prêtres africains présents en Île-de-France. Le frère Jean-Charles, en étude sociologique à Paris, annonce la publication prochaine d’un livre sur ce sujet chez l’éditeur parisien L’Harmattan.
L’auteur ne prend en compte que les prêtres africains dûment identifiés et reconnus par leur hiérarchie respective.
Notons d’abord que ce sujet dépasse largement les rives de la Seine et concerne pratiquement tous les pays occidentaux où le clergé diocésain et religieux ne cesse de s’appauvrir et risque même de disparaître. Les prêtres africains qui les remplacent obéissent aux mêmes raisons, ratifiées par des accords épiscopaux. Souvent est invoquée la raison d’étude supérieure ou complémentaire, mais aussi le service pastoral, là où il fait défaut.
Les difficultés d’insertion sont bien connues : linguistiques, sociologiques, mais aussi alimentaires. Le prêtre africain en service sur nos terres doit parfois recourir à de petits jobs pour se nourrir lui et sa famille restée au pays. La plupart du temps, l’insertion est un succès si j’en crois le témoignage de plusieurs fidèles occidentaux habitués à fréquenter ces prêtres.
Se considèrent-ils comme de nouveaux missionnaires, comme le furent les religieux qui apportèrent l’Évangile sur leur terre natale ? Un effet boomerang en quelque sorte ? Attendons la publication du livre pour en savoir davantage. Si cela se révélait exact, il ne faudrait pas trop s’étonner de leur discours dogmatique très ferme et parfois trop fermé, et de leur insistance à mettre en valeur une pratique religieuse sans concession. Problème de transmission de la foi qui ne fait pas l’unanimité entre aînés et jeunes générations.
Quoi qu’il en soit, il serait non seulement non chrétien, mais odieux et raciste de notre part de leur en vouloir. L’Évangile traverse toutes les cultures sans en privilégier aucune. Nous devrions être plutôt reconnaissants à ces prêtres qui, pour nous aider, ont pris le relais de ceux que nous ne voyons presque plus.
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