Le Dieu vivant
- Fr. Guy
Pour moi, Xavier n’est pas un inconnu. Plus âgé de deux ans, nous nous sommes rencontrés au Collège St-Michel de Fribourg, dans le même internat, préparant l’un et l’autre notre baccalauréat en section latin-grec. Un chemin qui devait le conduire au Séminaire diocésain et à l’ordination sacerdotale en 1960, tandis que je prenais une orientation différente en devenant dominicain. Je fus ordonné prêtre dans cet Ordre en 1962. Puis nos routes ont divergé. Celle de Xavier le conduisit définitivement à Genève, après un détour à Yverdon. Je le retrouvai à mon retour d’Afrique, curé de la paroisse du Lignon, puis de celle de Notre-Dame, et enfin de Compesières, où il avait son logement dans l’ancienne commanderie des Chevaliers de Malte. Retraité, il loge désormais à La Croix-de-Rozon, proche de la frontière française.
Une fois de plus, c’est le catéchuménat des adultes qui a permis ces retrouvailles. J’invitai Xavier à poursuivre la formation des adultes en marche vers leur confirmation, un service que le précédent responsable du catéchuménat, le frère dominicain Jean-Bernard Dousse, lui avait confié. Notre collaboration prit toute son ampleur lorsqu’il fut en charge de la paroisse Notre-Dame. À plusieurs reprises, il m’invita à prêcher aux cinq messes qui figuraient au programme paroissial du week-end. Un moment de grand bonheur pour moi, où je pouvais donner toute ma mesure de « frère prêcheur ».
Pour faciliter l’accès de mes lecteurs potentiels à ce récit, je reproduis deux passages de la quatrième page de couverture du livre. Les lecteurs de ce blog retrouveront Xavier ou feront connaissance d’un prêtre genevois d’autrefois, pétulant et enjoué. Espèce à protéger ou à laisser disparaître ? À vous de le dire !
Le Dieu de Jésus-Christ n’est pas une idole. Les idoles asservissent, le vrai Dieu libère. Il nous a confié un bien qui humanise. Ce Dieu, je n’ai pas à le chercher ni dans les étoiles, ni dans le cosmos. Il est présent au cœur de ce monde. L’Évangile n’est pas une histoire d’autrefois. Il se vit au présent par l’ouverture aux autres, la fraternité et la justice. Que les souvenirs racontés dans ce livre nous révèlent la joie. Que cette joie nous évite de nous accoutumer au point de perdre l’émerveillement, la fascination et l’enthousiasme.
Ces lignes, sans doute écrites par Xavier, sont confirmées par celles de l’éditeur :
L’Abbé Lingg raconte avec humour, ironie, provocation, et parfois avec un brin d’animosité son vécu de près de 75 ans de ministère sacerdotal, grâce à des rencontres, des lectures ou de simples réflexions. Sa foi a peu à peu évolué. Le Concile Vatican II lui a permis de se libérer de structures qui donnent de fausses protections, passant d’une religion de rétroviseur à une foi de projecteur balayant largement et loin.
Un projecteur dont la luminosité aurait pu agacer les yeux des amants et amantes d’une liturgie immobile, réglée pour la suite des siècles. Je ne cite qu’un exemple que je connaissais déjà et que l’auteur rapporte avec complaisance dans son livre. Curé du Lignon, Xavier célébrait deux triduum pascals qui se faisaient suite : le premier, les trois premiers jours de la Semaine Sainte, pour les familles qui partaient en vacances, et le second, à la date habituelle, pour ceux et celles qui, ces jours-là, demeuraient chez eux. Ajoutons qu’une célébration pascale œcuménique mettait un terme au premier triduum.
Xavier prenait très au sérieux la parole de Jésus : « Le sabbat a été fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat. » Avec une certaine raison, il pensait qu’il en était de même pour la liturgie officielle. J’imagine les haussements d’épaules que ces improvisations pourraient susciter de nos jours. Mais Xavier mettait le salut du troupeau dont il était le pasteur au-dessus des règles liturgiques en vigueur.
Alors, faut-il déposer cet écrit dans un document qui garde encore de nos jours sa valeur ? À vous de juger !
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