Le Christ notre Pâques
- Fr. Guy
Anne Soupa, Pâques, art du passage. Éditions du Cerf, 2022, 115 pages.
J’achève la lecture d’un petit livre d’Anne Soupa intitulé Pâques, Art du Passage, paru en 2009. Les Éditions du Cerf en ont donné en 2022 une nouvelle version revue et augmentée par l’auteure. Je viens de la parcourir, regrettant de ne pas l’avoir fait quelques semaines plus tôt, lors des dernières fêtes pascales.
Est-il besoin de présenter son auteure, que la quatrième page de couverture de son livre présente comme « catholique féministe, théologienne, journaliste et bibliste » ? On aurait tort de la déconsidérer sous prétexte qu’elle est cofondatrice du « Comité de la jupe » et qu’elle présenta sa candidature au poste d’archevêque de Lyon. Des gestes qui relèvent davantage d’une diversion provocatrice féministe que de la recherche théologique et spirituelle dont Anne Soupa fait preuve dans son petit livre qui dépasse à peine cent pages.
Il s’agit en fait de trois méditations, chacune consacrée à l’un des trois jours saints (jeudi, vendredi, samedi) qui intègrent le triduum pascal. D’où la division du livre en trois chapitres.
Il est possible que chacun de ces textes ait fait l’objet d’une lecture publique à la suite des matines liturgiques de l’un de ces trois jours saints vécus à Sylvanès, au temps où le dominicain musicien, liturgiste et poète André Gouzes relevait les murs de cette antique abbaye cistercienne. Les rendez-vous du triduum pascal célébré à Sylvanès étaient alors largement fréquentés. On y accourait de l’Europe entière. Nul doute que les propos d’Anne Soupa s’inspirent de cette liturgie « gouzantine » pour rédiger le petit chef-d’œuvre que je tiens dans mes mains. Elle ajoute à l’œuvre de Gouzes une dimension essentielle : Jésus entraîne l’humanité dans sa Pâques. Il est devenu passeur et nous fait passer sur les chemins de traverse, là où lui-même a passé. Le don et l’amour connotent à leur façon chacune des trois étapes de ce « passage ».
Je cite quelques lignes finales qui résument en les simplifiant les intentions qui ont conduit l’auteure à écrire son livre. Mieux encore, les lignes de faîte de l’architecture de cette œuvre. Le dernier chapitre du livre s’intitule Christ notre Pâque.
Dois-je ajouter que notre couvent de Genève reprit à son usage ce genre de méditation qui clôture les matines du Triduum pascal ? Sans doute avec autant de générosité, mais – on me pardonnera – avec moins de talent. J’ose le dire parce que j’ai participé moi-même à rédiger et prononcer quelques-unes de ces méditations.
« Christ notre Pâque. Ces trois mots concluront ces réflexions, car ils désignent la triple polarité de ces jours saints : nous / notre, car il n’est d’histoire, de vie et de salut que s’il y a des vivants qui s’y emploient. Christ, que nous avons suivi en sa Passion source de salut. Et la Pâque, circonstance majeure, manteau, matrice de tout ce qui advient, en ces jours, mais aussi en toutes circonstances de nos vies.
Reste enfin à les associer dans le bon ordre : Christ notre Pâque. Telle est vraiment la parole de ces grands jours. Qu’elle nous suive longtemps, longtemps… »
Plus simplement et en résumé : le Jeudi saint raffermit nos liens avec le Christ et avec l’humanité. Le Vendredi nous apprend que Dieu est plus fort que le mal et la mort. Le pardon est donc possible puisque le crucifié est reconnu comme Fils de Dieu. Quant au Samedi, passé dans le silence et la solitude, il permet à l’humain de retrouver son identité. Mais déjà, dans le lointain, résonne le carillon, prélude de la résurrection.
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