Le Christ dans le Premier Testament

  • Fr. Guy

Exploration des figures messianiques et prophétiques

Michel Barlow, Visages du Christ dans le Premier Testament. Éditions Cabédita, Bière 2024, 91 pages.

Avec ce livre, je change de genre. Enfin, pas tout à fait. Cet ouvrage concerne Dieu, Jésus et la Bible, mais il est édité à Bière en Suisse romande dans le canton de Vaud par la maison « Cabédita ». Je défie les lecteurs étrangers attachés à ce site de localiser la bourgade de Bière. Mais peut-être ont-ils déjà fréquenté cet éditeur local désireux de faire connaître son terroir et les personnalités qui l’ont illustré. Cabédita n’est pas indifférent au christianisme, surtout protestant, qui a marqué son coin de terre. C’est aussi à l’intention des chrétiens de tous horizons qu’il a créé la collection « Parole en liberté » à laquelle appartient cet ouvrage.

L’auteur non plus ne paraît pas au gotha théologique. Il se définit comme « bibliste amateur », non professionnel, mais amoureux de son sujet. Cette modestie est rassurante, car cet universitaire, retraité, en lettres et en science de l’éducation, est animateur de groupes de réflexion dans une paroisse de Lyon. Son langage doit être accessible et porter sur l’essentiel. Ce qu’il dit de la Bible et la manière dont il en parle pourraient intéresser les « simples chrétiens » qui fréquentent nos temples et nos églises et bien d’autres encore. D’autant plus que le sujet abordé est le regard porté sur Jésus par le Premier Testament. Du moins, tel que les chrétiens du premier siècle le lisaient et l’interprétaient.

Au total, sept courts chapitres faisant référence à des textes de l’Ancien Testament bien connus de la tradition chrétienne parce qu’annonçant et prophétisant le Messie sorti un jour de Nazareth. Pour certains, une révision de ce qu’ils savent déjà, pour d’autres, engagés en catéchèse, un enseignement suivi et incontournable pour des jeunes en route vers le baptême ou la confirmation. Je ne fais qu’en mentionner quelques étapes, laissant au lecteur le soin de les repérer dans sa Bible.

La première étape sert d’introduction. Sur le chemin d’Emmaüs, un marcheur anonyme rejoint deux pèlerins et leur fait découvrir tous les passages qui parlent de lui, en commençant par Moïse et chez les prophètes. Il profite de cette rencontre pour rectifier, vue son expérience douloureuse, l’idée et le rôle de Messie dans le Premier Testament.

La seconde étape est la prophétie de l’Emmanuel, signe d’une merveilleuse naissance. Un texte relu par Matthieu, abondamment cité et répété dans le temps de Noël. La troisième étape fait référence aux Chants du Serviteur d’Isaïe, portrait anticipé de Jésus, le Messie à venir. Tout particulièrement le quatrième Chant, celui du serviteur souffrant, que la liturgie catholique fait entendre chaque vendredi-saint. Puis, la prophétie du Fils d’homme extraite du Livre de Daniel où, selon l’auteur, le Christ est en gloire avant la lettre. Un texte assurément énigmatique qui prend sens dans ce chapitre.

Je mentionne aussi le dernier chapitre intitulé : « Le roi débonnaire et le berger mal aimé », inspiré par le prophète Zacharie. Les paraboles contenues dans l’évangile de Matthieu font du roi une figure de Jésus et, dans l’évangile de Jean, ce même Jésus s’approprie le titre et la charge de berger.

Et pour terminer, la saga du prophète Élie, annonciateur mais aussi antithèse de Jésus. « De fait, Élie semble hanter toute la vie de Jésus » (p.69).

Ce livre a plusieurs mérites. Il rappelle que chrétiens et juifs ont la même origine religieuse et un seul Testament, vécu en deux moments importants dont Jésus est le centre et le lien. Au premier siècle, les lecteurs de l’évangile de Matthieu issus du judaïsme se reconnaissaient dans ces paroles de Jésus : « Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir ». Accomplir ce que le Premier Testament avait figuré et prophétisé à son sujet. Ce livre rappelle le contexte historique et théologique de ces prédictions vétérotestamentaires. Il fait donc mieux comprendre l’identité du charpentier de Nazareth si désireux de connaître l’opinion que les gens avaient de lui : « Qui dit-on que je suis ? ». Une question devenue très actuelle tant sont devenus nombreux de nos jours ceux qui ignorent les Écritures et ne savent donc rien de Jésus lui-même.

Alors, pas de solution de continuité entre les deux Testaments ? Je n’irai pas jusque-là. Figurer n’est qu’une esquisse, une annonce symbolique de ce qui va venir. Cette réserve, confirmée par d’autres écrits du Nouveau Testament, ne prétend pas justifier les incompréhensions et les conflits qui ont endeuillé deux mille ans d’histoire de relations judéo-chrétiennes.

Rétablissant l’équilibre, je souhaite à cet ouvrage simple et essentiel tout le succès qu’il mérite. Il nous invite, juifs et chrétiens, à découvrir ensemble notre patrimoine, abreuvés par la même source spirituelle.

Cette image a été créée avec l'aide de DALL·E

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