La consolation du Dieu incarné

Une méditation du frère Stefan Ansigner sur le 40ème chapitre du livre du prophète Isaïe

Lors des vêpres des dimanches de l'Avent, les frères étudiants du couvent St-Hyacinthe offriront des commentaires bibliques à la communauté, réunie dans la chapelle.

En ce deuxième dimanche de l'Avent, le frère Stefan Ansigner de la province des Pays-Bas, étudiant à la faculté de théologie de l'Université de Fribourg, a partagé son commentaire sur un passage du livre du prophète Isaïe, qui a été la première lecture à la messe de ce matin (Is 40, 1-5.9-11) : 

 Consolez, consolez mon peuple, – dit votre Dieu – parlez au cœur de Jérusalem. Proclamez que son service est accompli, que son crime est expié, qu’elle a reçu de la main du Seigneur le double pour toutes ses fautes. Une voix proclame : "Dans le désert, préparez le chemin du Seigneur ; tracez droit, dans les terres arides, une route pour notre Dieu. Que tout ravin soit comblé, toute montagne et toute colline abaissées ! Que les escarpements se changent en plaine, et les sommets, en large vallée ! Alors se révélera la gloire du Seigneur, et tout être de chair verra que la bouche du Seigneur a parlé." Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nouvelle à Sion. Élève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle à Jérusalem. Élève la voix, ne crains pas. Dis aux villes de Juda : « Voici votre Dieu ! » Voici le Seigneur Dieu ! Il vient avec puissance ; son bras lui soumet tout. Voici le fruit de son travail avec lui, et devant lui, son ouvrage. Comme un berger, il fait paître son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, il mène les brebis qui allaitent. 

Nous sommes heureux de pouvoir partager avec nos lecteurs cette version écrite des réflexions du frère Stefan. 

Nous reviendrons les prochains dimanches de l'Avent avec les réflexions d'autres frères étudiants de notre communauté.

Une bonne continuation de la saison de l'Avent à tous !

« Consolez, consolez mon peuple, – dit votre Dieu – parlez au cœur de Jérusalem ». [1]

Les mots « consolez, consolez mon peuple » ont dû résonner comme une musique de liberté et de salut dans un silence froid de désespoir, de mort et de misère après l'exil babylonien. Dieu était considéré comme le Dieu punisseur qui avait abandonné son peuple et permis à la puissante politique babylonienne de suivre son cours. Mais maintenant, il brise son silence et prononce une parole prophétique de courage, de paix et de salut. Cette parole prophétique est la présence de Dieu dans l'ici et maintenant qui veut habiter parmi nous comme force et vie à travers tous les tourments et l'oppression.

Recevoir cette parole de courage, de paix et de salut est souvent plus difficile que de l'écouter. Dieu nous parle de courage, qu'il nous donne la paix et qu'il est notre salut, mais est-ce vrai pour moi aussi ?

La parole du prophète est déjà une source de consolation car Dieu parle, et cela signifie qu'il est parmi nous, qu'il prend soin de nous et qu'il nous aime. Mais pour contempler la gloire du Seigneur, pour voir sa Parole s'accomplir, nous devons nous préparer. L'Avent est cette période de préparation. C'est dans une confiance fidèle que nous attendons que le Seigneur revienne cette année car : tout être de chair verra que la bouche du Seigneur a parlé !

Mais la consolation est aussi très humaine. Aristote décrit la consolation comme l'une des caractéristiques de l'amitié : « Mais la présence d'amis semble bien procurer un plaisir qui n'est pas sans mélange. La simple vue de nos amis est, il est vrai, une chose agréable, surtout quand on se trouve dans l'infortune, et devient une sorte de secours contre l'affliction car un ami est propre à nous consoler à la fois par sa vue et ses paroles, si c'est un homme de tact, car il connaît notre caractère et les choses qui nous causent du plaisir ou de la peine ». [2]


Illustration en musique

Dans ce mouvement de l'oratorio « Le Messie » de G.F. Händel en langue anglaise, nous entendons une mise en musique d'une partie du passage du livre du prophète Isaïe que le frère Stefan cite dans sa méditation de ce soir :

Paul Elliot, ténor, chante avec Ton Koopman et l'Amsterdam Baroque Orchestra.


 

Nous connaissons tous les situations dans nos communautés religieuses et nos amitiés où un simple regard ou un mot d'encouragement peut avoir un impact énorme sur notre personne. Nous nous sentons valorisés et notre situation difficile est adoucie par la présence heureuse de l'autre. Cette proximité humaine est une véritable consolation si nous voulons la reconnaître et la recevoir. Mais comment pouvons-nous donner et recevoir ce confort humain ? 

Nous ne pouvons donner de l'amitié aux autres que si nous considérons notre relation avec le Christ comme notre première amitié à laquelle nous retournons toujours. Bien sûr, Il est Dieu et donc radicalement différent de nous. Mais par l'Incarnation de Dieu, il s'est aussi rendu radicalement accessible à nous. Il communique avec nous et cela donne une vraie communion. L'amour est cette participation à l'amitié divine du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

J'ai toujours été très touché par les passages de l'Evangile où le regard du Christ évoque une réponse directe à la personne qui le rencontre. Une puissance émane de Lui. Cette présence est une consolation pour celui qui rencontre le Christ dans l’Évangile.

Mais nous pouvons, nous-mêmes, aussi regarder le Christ qui par son humanité, nous met en relation avec Dieu lui-même. Il suffit de croire que son humanité est un instrument pour parvenir à sa divinité. Lorsque nous sommes remplis par cette lumière de la foi, nous ne voyons pas seulement un homme, mais nous voyons Dieu qui, par son humanité, se révèle à nous et veut être proche de nous. La consolation du Dieu sauveur déjà décrite par le prophète Isaïe s'est faite homme en Christ.

Je suis convaincu qu'une vraie vie chrétienne est aussi une vraie vie humaine avec l'intellect, l'émotion et l'intuition. En même temps, une vie sans le Christ perd aussi très facilement son humanité. Nous le constatons également dans la vie en générale ; en retirant le christianisme de notre monde, l'anthropologie a également été biaisée et détournée. Le Christ est le véritable homme, le nouvel Adam, en qui notre nature humaine trouve son état parfait. C'est la consolation de l'Incarnation ; que Dieu a voulu faire partie de la famille d'Adam afin de nous élever à Dieu de la manière la plus intime. Par le Christ, il nous est donné une participation, une déification et une gloire en Dieu qui est déjà visible et tangible dans l'ici et maintenant.

Je voudrais conclure avec les paroles de l'apôtre Paul dans la deuxième lettre aux Corinthiens sur la consolation du Christ :

« Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ, le Père plein de tendresse, le Dieu de qui vient tout réconfort. Dans toutes nos détresses, il nous réconforte ; ainsi, nous pouvons réconforter tous ceux qui sont dans la détresse, grâce au réconfort que nous recevons nous-mêmes de Dieu ». [3]

Que ce réconfort du salut de Dieu que le prophète Isaïe a déjà exprimé et qui s'est fait homme en Christ, soit la source de notre consolation afin que nous puissions la transmettre aux autres dans nos communautés et au-delà.

 


[1] Is 40, 1.

[2] Eth. Nic. IX, 11, 1171a35-b4.

[3] 2 Cor 1, 3-5.

Frère Stefan Ansinger

Le frère Stefan Ansinger (photo fournie par le frère Stefan)

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