Article et photos : Un théologien à l'école de Saint Thomas

En ce premier jeudi et vendredi du mois de mai, un colloque a été organisé par la Faculté de Théologie de l'Université de Fribourg, intitulé « Une théologie à l'école de Saint Thomas », au cours duquel les leçons d'adieu de deux de nos frères dominicains, le prof. émérite Gilles Emery et le prof. émérite Benoît-Dominique de La Soujeole ont été prononcées. L'événement était annoncé comme « Un colloque en l'honneur du 60ème anniversaire du frère Gilles Emery ».

Un programme ambitieux a été organisé sur deux jours avec la participation de théologiens, et surtout de spécialistes de Saint Thomas, d'au moins huit pays différents. Une grande cohorte internationale de frères dominicains, de professeurs et d'étudiants a rempli les différents auditoires de l'Université où les leçons ont eu lieu.

Le colloque a été ouvert le jeudi par un mot d'accueil de la part du doyen actuel de la Faculté, le professeur Mariano Delgado, suivi d'un éloge (laudatio) prononcé par l'assistant du Maître de l'Ordre pour la vie intellectuelle, le frère Pablo C. Sicouly.

Plus tard, il y a eu des interventions brillantes de nos frères Serge-Thomas Bonino de l'Université pontificale de Saint Thomas d'Aquin à Rome (dite Angelicum), Emmanuel Durand, prieur de notre couvent et successeur du frère Gilles à la chaire de théologie dogmatique de l'université de Fribourg, et Thomas Joseph White, recteur de l'Angelicum (université pontificale dominicaine à Rome).

Cette première journée de colloque du jeudi fut couronnée à 20h par la leçon d'adieu du frère Gilles, suivie de la remise d'un ouvrage en son hommage. La soirée a débuté par deux émouvantes prises de paroles. La première par notre prieur provincial de la Province de Suisse, professeur émérite et ancien recteur de l'Université, le frère Guido Vergauwen et la seconde par le doyen Mariano Delgado.

Parmi des propos reconnaissants envers frère Gilles, le doyen a relevé combien notre frère avait aimé l'université, l'enseignement, l'accompagnement de travaux des étudiants ainsi que ses collègues de la Faculté. Le professeur Delgado a longuement cité la poignante lettre de démission du frère Gilles. Enfin, il a terminé avec un trait d'humour bienvenu en interpellant notre frère Gilles : « Cher fr. Gilles, je ne sais pas si, comme saint Thomas, tu as des visions ?... Si c'est le cas, je pense que Dieu te dirait aussi : 'Gilles, tu as bien parlé de moi... quelle sera ta récompense?' Et sans doute que tu répondrais aussi avec Thomas d'Aquin : 'Rien d'autre que toi, Seigneur' ». 

Sans transition, le frère Gilles a alors commencé sa leçon d'adieu.

Sa leçon, intitulée  « La Trinité divinisatrice. Le salut comme divinisation trinitaire chez Thomas d’Aquin et Charles Journet » a reçu un tonnerre d'applaudissements.

Notons que frère Gilles s'est illustré au début de sa carrière de professeur à 35 ans seulement par le thème de la « Trinité créatrice » et qu'il « terminé » hier soir sa carrière académique par le thème de la « Trinité divinisatrice ». Fidèle à la méticuleuse cohérence de sa pensée, notre frère a en quelque sorte « bouclé la boucle » en prêchant avec une maîtrise indubitable que la Trinité est simultanément le fondement (créateur) de notre foi et le but ultime ou l'accomplissement parfait de notre espérance et de notre charité (la divinisation). De la Création à la consommation dans la gloire, l'économie du salut est tout entière lovée et entourée par la sainte Trinité.

Ce vendredi, nous entendrons les interventions de nos frères Paul-Bernard Hodel de la Faculté Théologie de l'Université de Fribourg, et Dominic Legge, directeur de l'Institut Thomiste de Washington, sur le thème « De saint Thomas à nos jours » ainsi qu'une intervention du christologue contemporain Matthew Levering du séminaire de Mundelein à Chicago et, en fin d'après-midi, la leçon d'adieu du frère Benoît-Dominique de La Soujeole.

Le colloque sera conclu par une conférence de l'évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, notre frère Mgr Charles Morerod.

Des générations d'étudiants ont été formés aux côtés des frères Gilles et Benoît-Dominique, et beaucoup sont tristes de les voir partir de l'Université. Nous savons que maintenant, en tant que professeurs émérites, ils continueront à penser et à écrire à l'école de Saint Thomas, pour le bénéfice de tous. Nous sommes fiers de la contribution de nos frères et heureux d'avoir eu l'occasion de les honorer dans un cadre aussi prestigieux.

Que le Seigneur les bénisse!

Nous sommes heureux de partager avec nos lecteurs ces photographies généreusement mises à disposition de notre rédaction par Aurelia Pellizzari :