Genève, une capitale royale oubliée

Genève capitale royale. Passé simple. Mensuel romand d’histoire et d’archéologie, décembre 2024 – janvier 2025.

J’écris ces lignes la veille du jour où les Genevois commémorent la « cacade » savoyarde de 1602 et cassent une marmite pour en garder le souvenir. « Ah la belle escalade ! Savoyards, gare, gare ! ». Je connais une communauté de cette ville qui a décidé de supprimer ce rituel pour ne pas mettre mal à l’aise les Savoyards qui en font partie.

Anachronisme ridicule ! Pendant des décennies, les Romands subirent le joug du Duc de Savoie et furent protégés par ses multiples châteaux élevés ci et là (Estavayer, Rolle, Romont, etc.). Et, apparemment, leurs sujets ne s’en plaignaient pas trop.

Ce furent les Bernois et les Fribourgeois (le rat de ville et le rat des champs) qui mirent fin à cette situation et firent de mes aïeux des Helvètes aux bras noueux.

Le comble ! La ville du bout du lac qui se donne le titre de « République » a oublié qu’elle fut une capitale royale burgonde, au temps où ces barbares aux mœurs douces et modérées prenaient sur nos terres la relève de l’Empire romain alors en pleine déconfiture. C’est aux Burgondes que l’on doit la sauvegarde et la survie de ce qui nous reste de latinité (notre langue !) et des sites et églises mis à jour par des archéologues modernes compétents.

Ces envahisseurs étaient chrétiens, mais ariens. L’un de leurs princes, Sigismond vénéré à Saint-Maurice, sera le premier roi burgonde nettement catholique. L’Église a fait de lui un saint.

Ces éléments d’informations historiques devraient rendre les Genevois moins prétentieux quand ils fêtent l’Escalade. Ils feraient bien de mettre quelques bémols à leur ardeur républicaine. Ce qui ne les empêchera pas demain de goûter avec plaisir la bonne soupe de la Mère Voillaume. Je viens d’apprendre que c’est une jeune genevoise qui prendra la relève de l’ancienne Mère Voillaume lors du cortège historique qui empruntera les ruelles de la vieille ville. « Sic transit gloria mundi ! ».

Mieux que tout cela, l’Escalade est devenue à Genève une fête universelle et internationale. Elle rassemble tous ceux et celles qui rêvent d’un avenir pacifié et d’une patrie généreuse et libre pour les accueillir. Et je m’en réjouis.