Entre feu et brise légère

  • Fr. Guy

Qui est Élie, le prophète adversaire des prophètes de métier ?

Anne Lécu. Le Seigneur n’était pas dans le feu. Élie. Cantate sur le silence de Dieu. Éditions du Cerf, 2025, 181 pages.

Sœur Anne Lécu, docteure en médecine et en théologie, et qui fut aumônière de prison, est largement connue, même au-delà de la famille dominicaine à laquelle elle appartient.

Je ne pense pas que ce soit la première fois que ce blog s’intéresse au prophète Élie. Le théologien belge Gabriel Ringlet, me semble-t‑il, s’est déjà exprimé à son sujet et sur l’entourage du prophète. Anne Lécu reprend ce même thème sous la forme d’une cantate (avec son prélude, son récitatif, ses interludes et son choral final), composée en l’honneur d’un Dieu qui se tait quand on voudrait qu’il chante. La poésie, la musique, le récit se rejoignent sous la plume d’Anne Lécu, au bénéfice d’une spiritualité inspirée par la Bible. En fait, une théologie déjà bien connue, mais renouvelée par les compétences littéraires et la riche expérience de vie de l’auteure.

Anne Lécu a raison de penser qu’Élie est d’abord un personnage conceptuel, mis en scène par ceux et celles qui écrivent à son sujet dans le but de décrire leur propre quête de Dieu. Cela ne signifie pas qu’Élie soit un personnage fictif ou un être privé d’histoire factuelle. Mais son récit biblique, raconté dans le Livre des Rois, nous aide à entrer dans le mystère d’un Dieu muet et finalement loquace à sa manière. Mystère de mort et de résurrection pour nous, chrétiens.

Que nous apprend Élie ? Tout d’abord que Dieu ne répond pas à la violence par la violence. Il n’encourage pas la guerre sainte, pas plus que le massacre de ceux qui ne croient pas en Lui. Au Carmel, Élie fait fausse route. Il doit se mettre à l’école d’un maître qui ne veut pas détruire celui qui s’égare, mais l’aider à retrouver le bon chemin. Son serviteur doit l’imiter. Il ne trouvera pas son Dieu en massacrant les faux prophètes. Il passera par le dénuement, la fatigue et même la déprime pour le comprendre. Une brise légère qui caresse son dos devrait lui suffire pour croire au Dieu de vie et de résurrection.

Ma vie est remplie de ces messages qui viennent de mon entourage et parfois de ma propre expérience. Cela devrait suffire pour me convaincre de la douce et invisible présence de Dieu à mes côtés, même quand Il me paraît absent. Cette conviction n’est pas la moindre contradiction de ma foi en Lui.

Autre nouveauté de ce livre : les activités d’Élie sont géographiquement orientées. Il va de l’Est au Sud, du Sud au Nord, restituant dans leur cadre naturel le chemin de la révélation. Il s’autorise une visite chez une veuve païenne de Sarepta, dont il ressuscite le fils. Pour oublier les horreurs commises sur le Mont Carmel ?

Enfin, il gravit le Mont Thabor dont parlent les évangiles. Témoin d’une présence divine subtile, moins massive et impérative que celle incarnée par les codes de la Tora révélée à Moïse, présent lui aussi sur la même montagne. Entre le feu et la brise légère, quel est donc le véritable habitacle de Dieu ? Les chrétiens devront choisir, avec respect pour l’une et l’autre proposition. Comme l’apôtre Paul et Anne Lécu, je pense avoir choisi. Un choix qui ne fait pas de moi un antisémite ou un mystique farfelu.

Merci, Sœur Anne, de nous aider à marcher vers Dieu.

Cette image a été créée avec l'aide de DALL·E

Kommentare und Antworten

×

Name ist erforderlich!

Geben Sie einen gültigen Namen ein

Gültige E-Mail ist erforderlich!

Gib eine gültige E-Mail Adresse ein

Kommentar ist erforderlich!

Google Captcha ist erforderlich!

You have reached the limit for comments!

* Diese Felder sind erforderlich.

Sei der Erste, der kommentiert