Dominique de Guzman à l’ordre du jour

Je tenais à prendre part le 28 novembre au « vernissage » du « Saint Dominique de l’ordre des frères prêcheurs. Témoignages écrits fin XIIe – XIVe siècle » — textes traduits, annotés et présentés par Nicole Bérjou et Bernard Hodel, avec la collaboration de Gisèle Besson. 

Une brique de 1768 pages, en chantier depuis quelques années, que les Editions du Cerf viennent de faire paraître. Nous attendions cet événement un peu comme le Messie ! Cette parution aurait dû couronner les célébrations du huitième centenaire de la fondation et de la confirmation de notre Ordre.

Dans le dernier numéro « papier » de notre revue dominicaine SOURCES (octobre – décembre 2015, p. 68), le frère Bernard Hodel décrivait les grandes lignes de ce projet qui mit quelques années à mûrir sous sa houlette et celle de Nicole Bériou, historienne et médiéviste de haut vol.

La bande-annonce d'un film biographique de saint Dominique produit par nos frères philippins en 2014, « Dominique. Lumière de l'Église »

J’étais habitué jusque là au « Saint Dominique de Caluerega d’après les documents du XIIIe siècle » du Père Humbert Marie Vicaire qui me donna le goût et la passion de l’histoire de l’Eglise et des Eglises, alors que ce frère enseignait cette discipline à l’université de Fribourg voici soixante ans. Une remise à jour était donc bienvenue, ainsi que la nécessité d’élargir la carrière des sources à explorer et exploiter, même hors du champ dominicain.

Puis, il fallait en faire la critique textuelle, analyser à la loupe de l’historien leur contenu, les annoter, les traduire et finalement les présenter. Un immense travail professionnel dans le but de dégager de ces matériaux bruts un portrait de saint Dominique conforme – autant que faire se peut –  à ses idées personnelles et à son réel parcours de vie. Le résultat est une véritable encyclopédie « dominicaine » dont la consultation est facilitée par de précieux index, notamment celui des noms cités et celui des thèmes abordés.

Il est possible que le lecteur, habitué au genre biographique qui présente son héros selon l’ordre chronologique des étapes de sa vie soit surpris et même quelque peu dérouté par la table des matières de cette œuvre monumentale. Elle s’en tient à regrouper les documents retenus selon leur contenu ou leur finalité. On nous l’a martelé lors du vernissage : ce livre n’est pas une nouvelle « vie de saint Dominique ». Qu’on se le dise !

Oserais-je formuler un regret ? Cet ouvrage est promis à une longévité qui dépasse celle d’un roman policier. Il figurera sur nos rayons de bibliothèques, disponible à la consultation et à une lecture répétée. Alors, pourquoi l’éditeur a-t-il lésiné sur sa présentation ?  

On l’aurait voulu solidement relié et honoré d’une impression plus avenante et mieux soignée. Cette « somme » n’est pas un produit de consommation jetable après usage. Est-ce une raison économique qui limita les ambitions professionnelles de l’éditeur ?

Parmi toutes les dépenses futiles qui jonchent notre quotidien, l’achat de ce « Saint Dominique » aurait mérité son prix.