Dimanche des Rameaux
Pour des raisons évidentes, de nombreuses traditions de la Semaine Sainte seront supprimées ou modifiées cette année.
L'une de ces traditions est la procession en plein air avec des palmes de buis ou d'olivier pour marquer le dimanche des Rameaux.
Le fait d'être isolé n'empêche pourtant pas de lire et de méditer les mystères de la Semaine Sainte, et surtout les textes de l'Évangile. En fait, être assis seul dans un endroit calme pourrait être une situation particulièrement adaptée à une étude approfondie des Écritures.
En ce début de la Semaine Sainte, nous vous invitons à contempler à nouveau le passage de l'Évangile qui commence (normalement) notre procession du dimanche des Rameaux. L'Évangile selon saint Matthieu nous parle de l'entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, monté sur un âne et salué par des foules en extase criant « Hosannah ! »
Mais nous savons ce qui va se passer dans cinq jours, et cela colore déjà nos émotions à la lecture de ce récit si dense.
Dans une brève homélie, le frère Erik nous aide à comprendre les émotions contradictoires de ce dimanche... qui fut, et demeure toujours très particulier.
Nous commençons par cet extrait de la lecture de l'évangile pour l'entrée messianique qui précède la messe du dimanche des Rameaux :
Jésus et ses disciples, approchant de Jérusalem, arrivèrent en vue de Bethphagé, sur les pentes du mont des Oliviers. Alors Jésus envoya deux disciples en leur disant : "Allez au village qui est en face de vous ; vous trouverez aussitôt une ânesse attachée et son petit avec elle. Détachez-les et amenez-les moi. Et si l’on vous dit quelque chose, vous répondrez : ‘Le Seigneur en a besoin’. Et aussitôt on les laissera partir".
Cela est arrivé pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète : "Dites à la fille de Sion : Voici ton roi qui vient vers toi, plein de douceur, monté sur une ânesse et un petit âne, le petit d’une bête de somme".
Les disciples partirent et firent ce que Jésus leur avait ordonné. Ils amenèrent l’ânesse et son petit, disposèrent sur eux leurs manteaux, et Jésus s’assit dessus. Dans la foule, la plupart étendirent leurs manteaux sur le chemin ; d’autres coupaient des branches aux arbres et en jonchaient la route. Les foules qui marchaient devant Jésus et celles qui suivaient criaient : "Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux !" Comme Jésus entrait à Jérusalem, toute la ville fut en proie à l’agitation,
et disait : "Qui est cet homme ?" Et les foules répondaient : "C’est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée".
Évangile selon saint Matthieu (21, 1-11)
Commentaire :
Comme la compréhension humaine peut aller à l'encontre de la compréhension de Dieu !
Le Seigneur Jésus fait son entrée messianique à Jérusalem. Il est reçu comme Roi et Messie par des foules qui ont crié avec enthousiasme : « Hosanna au Fils de David ! » – et ils ont déposé leurs propres manteaux et des branches d'arbres sur son chemin.
Mais, dans un sens, cette foule ne criait pas pour Jésus. Ils criaient pour un messie issu de leurs propres projections. Et ils criaient à cause du nouveau royaume qu’ils imaginaient. Ils ont imaginé le royaume messianique en termes politiques et économiques.
On s'attendait à ce que la fin de la captivité romaine vienne, et qu'une période de paix et de prospérité universelle commence.
Mais ce n'était pas le but de l'entrée messianique à Jérusalem. Pas pour Jésus, en tout cas.
Le Seigneur avait déjà annoncé à ses disciples qu'il allait à Jérusalem et qu'il y serait livré aux païens et qu'il serait raillé, flagellé et crucifié, mais que le troisième jour, il ressuscitera. (cf. Mt 20, 18n)
Toutefois, même pour les disciples, même pour les Apôtres, c’était presque inimaginable que le Messie doive passer par la croix. Alors ils ont décidé de faire la sourde oreille à ces promesses du Seigneur.
Il est probable que personne dans cette foule n'était surpris que le Messie entre dans la ville de David sur un âne. Pour la mentalité de l'époque, qui associait le cheval à la guerre, le roi assis sur un âne était un symbole de paix.
On s'attendait même à ce que le Messie soit le roi de la paix. En fait, le prophète Zacharie a clairement prophétisé que Jérusalem se réjouirait de l'entrée d'un roi juste et doux : « Sois transportée d'allégresse, fille de Sion! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem! Voici, ton roi qui vient à toi; Il est juste et victorieux, Il est humble et monté sur un âne, Sur un âne, le petit d'une ânesse » (9,9).
Cependant, il est peu probable que quelqu'un d'autre que le Seigneur lui-même se soit rendu compte qu'une autre prophétie s'accomplissait en ce Dimanche des Rameaux.
Nous lisons dans le Livre de l'Exode (12,3) que, cinq jours avant la première fête de la Pâque, lorsque le peuple d’Israël se préparait à sortir de la captivité en Egypte, un agneau fut amené dans chaque foyer.
Après cinq jours, l'agneau a été immolé, et toutes les maisons furent marquées avec le sang de cet agneau. Ces maisons devaient être sauvées la nuit de Pâques, tandis que la viande de l'agneau devait être consommée pendant le souper de Pâques.
« Le dix de ce mois, que l’on prenne un agneau par famille, un agneau par maison. … Vous le garderez jusqu’au quatorzième jour du mois. Dans toute l’assemblée de la communauté d’Israël, on l’immolera au coucher du soleil ». (Ex 12,3 et 12,6)
Alors, lors de son entrée solennelle à Jérusalem, il est probable qu’un seul dans cette foule, et c’était le Seigneur Jésus lui-même, savait qu'il entrait dans la ville comme cet agneau, jadis, dans ces maisons. Qu’il sera immolé pour les péchés du monde entier, exactement cinq jours plus tard.
Le Vendredi Saint, ces mêmes personnes qui ont crié « Hosanna ! », se mettait devant la cour de Pilate pour exiger la crucifixion du Messie acclamé quelques jours plus tôt. Même les disciples se dispersèrent et s'enfuirent. Et Pierre – Pierre nia toute connaissance de Jésus.
Vraiment, ce n'est pas surprenant. Les fausses attentes messianiques se sont nécessairement transformés en honte. Comme toujours, jusqu'à nos jours.
Ce n'est que lorsque Jésus est ressuscité que les cœurs des gens ont vraiment commencé à comprendre ce que cela signifie que Jésus est le Messie. Ce n'est que lorsque Jésus est ressuscité que les gens ont commencé à comprendre ce que cela signifiait d’agiter les rameaux et de crier, « Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux ! » (Mt 21,9)
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De la chaîne OPChant :
Ces antiennes sont chantées lors de la distribution des branches de palmier avant la messe du dimanche des Rameaux, selon la tradition du chant grégorien dominicain.
- 1ère antienne : Pueri Hebraeorum, tollentes ramos olivarum, obviaverunt Domino, clamantes et dicentes: Hosanna in excelsis.
- 2ème antienne : Pueri Hebraeorum vestimenta prosternebant in via et clamabant dicentes: Hosanna Filio David, benedictus qui venit in nomine Domini.
Traduction :
- 1ère antienne : Les enfants des Hébreux, portant des branches d'olivier, allèrent à la rencontre du Seigneur en criant et en disant : 'Hosanna au plus haut des cieux'.
- 2ème antienne : Les enfants des Hébreux étendirent leurs vêtements sur le chemin et s'écrièrent, 'Hosanna au Fils de David : Béni soit Celui qui vient au Nom du Seigneur'.
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