Confession sur le parking
La sœur d'un de nos frères, mère de nombreux enfants, habite l'état du Wisconsin aux États-Unis. Samedi dernier, elle a vécu le sacrement de la réconciliation d'une manière nouvelle et étrange. Elle écrit pour nous raconter son expérience.
Onze personnes (moi-même, mon mari et nos enfants) se sont entassées dans notre fourgon allongé familiale. Ma fille de 9 ans était nerveuse à l'idée de faire sa première confession « face à face ». « Le curé a promis de ne pas te regarder », lui avons-nous assuré.
J'ai revu la forme du sacrement de la réconciliation avec ma plus jeune fille, âgé de presque 7 ans, qui se prépare à recevoir sa première communion quelques temps après la réouverture des églises — en mai, comme prévu, espérons-le.
Cette confession, sa deuxième, sera peut-être plus mémorable que sa première.
Celle-ci aura lieu dans un parking derrière notre église paroissiale. Ce fut une proposition un peu hors-norme de la part de notre curé, qui en temps normal est un homme si modeste qu'on pourrait presque le qualifier de timide. Mais nous vivons un temps tout particulier.
Nous avons envoyé un message au curé dès notre arrivée. Il nous a répondu qu'il arrivait tout de suite.
Le prêtre est apparu dans l'embrasure de la porte avec un bonnet en laine, une veste imperméable, une étole violette battant au vent et des pieds nus en sandales. Notre curé est franciscain. Il faisait 2 degrés et il y avait du vent.
Nous sommes restés dans notre camionnette avec le chauffage qui soufflait, dans un silence préparatoire, et par les fenêtres nous regardions mon mari nous mener courageusement vers notre première « confession sur parking ».
Nous avons vu le prêtre et mon mari s'écarter d'environ deux mètres, légèrement tournés l'un vers l'autre. Nous avons vu la bénédiction finale être donnée, puis, en tant que mère, j'étais la suivante.
J'ai mis mes mains dans mon manteau en duvet et je me suis rapidement dirigée vers le père. Il m'a dit de me tenir « près de cette fissure dans l'asphalte ».
J'ai étouffé un rire en me rappelant que, étant petite fille, je jouais avec mes amies dans la cour de l'école avec des fissures dans le le pavé (un jeu appelé « marche pas sur une fissure »), mais que je n'étais jamais allée aux sacrements en me fiant aux fissures dans le goudron.
J'ai fermé les yeux, et nous avons continué.
C'est lorsque le père a levé sa main en signe d'absolution que des larmes chaudes ont jailli de mes yeux. Comme Dieu est bon ! Il est venu à moi là, sur un vieux parking plein de fissures, pendant une pandémie et une semi-quarantaine.
J'ai fait le signe de croix et je me suis retirée pour laisser la place au prochain pénitent.
Il y a un parc derrière l'église. Mon mari avait sorti mon enfant de 3 ans de la camionnette et s'était dirigé vers les collines derrière nous. Je les ai vus au loin et j'ai couru – j'ai fait un sprint – sur ces collines, en disant ma pénitence pendant que je courais. Nous sommes tous rentrés à la maison en courant depuis des jours. C'était si glorieux de sortir et de courir !
En arrivant au sommet, j'ai rencontré mon mari. Un par un, les enfants sont aussi venus en courant dans les collines. Nous sommes retournés à la camionnette, et au chauffage, alors que les derniers enfants faisaient leurs aveux.
En revenant, j'ai dit : « Dieu est bon. Son Église est à l'œuvre ».
Je me suis rappelé la chance que nous avons que les sacrements ne soient pas interdits, ni illégaux dans notre pays. Nous sommes en quarantaine, et non pas en prison... D'autres ont connu bien pire. On pense, comme on le fait si souvent maintenant, à la Chine. Nous avons beaucoup de raisons d'être reconnaissants.
Fortifiés par la grâce, le poids de mon cœur allégé, nous sommes rentrés chez nous ; chez nous, où nous resterons jusqu'à nouvel ordre ; chez nous, où nous continuerons notre voyage de carême vers Pâques ; où nous regarderons la messe depuis notre portable, en direct tous les jours à midi ; où nous prierons pour tous ceux qui, partout dans le monde, sont malades, ont peur, s'occupent d'autres en danger.
Avec la grâce de Dieu, avec la grâce de notre confession sur ce parking, nous courons tous vers le haut de la colline, avec une force croissante.

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