Commentaire sur l'Évangile
Un désaccord entre frères et sœurs a quelque chose de particulièrement désagréable.
Après tout, la nature elle-même exige que les enfants de mêmes parents soient particulièrement proches les uns des autres : pour qu'ils s'entraident, pour que les joies et les peines de l'un d'eux soient en quelque sorte les joies et les peines de tous. Par conséquent, le père et la mère souffrent beaucoup lorsqu'ils voient que leurs enfants sont en discorde ou même qu'ils vivent dans la haine.
Je ne te dis pas de pardonner jusqu’à sept fois, mais jusqu’à 70 fois sept fois.
(Mt 18, 21-35)
Il arrive parfois qu'un fils ou une fille, particulièrement coupable d'un désaccord entre frères et sœurs, manifeste de façon flagrante et ostentatoire son attachement et son affection à ses parents. Mais cela n'apporte aucune joie. Le père et la mère ressentent alors une douleur supplémentaire.
Essayons de transférer ces idées sur notre relation avec Dieu. Dieu nous a créé selon un amour absolument désintéressé. Il veut que nous soyons ses enfants. Il est notre Père à tous.
Nous ne pouvons même pas imaginer à quel point nous profanons son amour, quand nous, ses enfants, nous sommes indifférents les uns des autres, injustes, parfois même cruels. Et parfois, quelqu'un qui est particulièrement coupable de désaccords manifeste de manière ostentatoire sa piété envers Dieu, le Père. Et alors ?
Heureusement, des parents ordinaires n'ont presque jamais à vivre le drame d'un fratricide entre leurs enfants. Mais Dieu est le Père de tous, et pour lui chaque crime est une querelle entre ses enfants. Il est attristé lorsqu'il voit certains de ses enfants tuer, corrompre, exploiter, ou haïr d'autres de ses enfants.
Nous ne comprenons pas la douleur que nous infligeons à notre Dieu d'amour à cause du conflit entre nous. Dieu peut-il souffrir ? C'est une vieille question. Pourtant, l'Écriture nous permet de deviner que Dieu ressent une mystérieuse souffrance à cause de nos péchés. Dans le livre du prophète Isaïe, Dieu se plaint : « tu m’as asservi par tes péchés, tu m’as fatigué par tes fautes ». (Is 43,24)
Peut être que nous ne pouvons faire que très peu de différence dans ce que Dieu vit intérieurement. Et pourtant, chacun de nous peut travailler à guérir ses relations avec les autres, surtout en temps de crise.
Chacun de nous peut avoir le courage, et l'humilité, de réparer ce qu’on peut. Nous pouvons abandonner nos vieilles rancunes et nos querelles. Nous pouvons cultiver une attitude de pardon en nous-mêmes, au lieu de garder un souvenir des torts que nous avons subis.
Car comme Jésus nous le montre dans l'Évangile d'aujourd'hui, c'est vraiment une grande insolence de ma part quand moi, qui ai beaucoup péché, et à qui Dieu a montré tant de miséricorde, je ne veux pas pardonner à mon prochain quelque chose d'incomparablement plus petit.

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