Chemin de compassion

Quelques jours avant son depart de Genève le frère Mike Deeb partage avec nous ses réflexions.

Chers amis de St Paul, de Cologny, de Genève et de Suisse,

Alors que je me prépare à quitter Genève après avoir terminé mon mandat de 7 ans comme délégué permanent de l'Ordre dominicain auprès des Nations Unies, l'Évangile d'aujourd'hui (Lc 15, 1-10) est un grand défi pour moi. Alors que Jésus accueillait et mangeait avec les collecteurs d'impôts et des gens de mauvaise réputation qui s'approchaient tous pour l'écouter, les pharisiens et les scribes (les experts en droit) ne pouvaient pas résister à leur besoin d'être politiquement corrects. Pour eux, ces personnes devaient être méprisées et ignorées, en raison de leurs "méfaits" ! On peut se passer d'eux !

Saint Paul, lui aussi, dans sa lettre aux Philippiens (3,6), la première des lectures de la messe d'aujourd'hui, reconnaît que lui aussi a été autrefois si zélé pour la Loi jusqu’à persécuter les chrétiens.

L'ONU a élaboré de nombreux et merveilleux principes universels affirmant les droits de l'homme et la dignité de chaque personne. Mais trop d'États et de dirigeants ou fonctionnaires considèrent encore que certaines personnes en soient dispensés sous le couvert du bien commun (sécurité de l'État, développement économique, absence de protestations perturbatrices ...).

Mais ces comportements ne se limitent pas aux gouvernements. Il suffit de regarder la rhétorique et la violence des campagnes électorales actuelles en Côte d'Ivoire ou aux États-Unis ou la justification des guerres en Ukraine, en Arménie/Azerbaïdjan, au Cachemire, au Cameroun, en Syrie, au Yémen... pour constater la diabolisation de l'autre, l'intransigeance et l'absolutisation de la position de chacun et l'incapacité à dialoguer avec la différence. Nous pouvons même voir les mêmes signes dans notre Église, dans nos communautés locales, dans nos familles...

Cette tendance nous conduit, comme l'a dit le pape Benoît XVI lors des Journées Mondiales de la Jeunesse à Cologne en 2005, à "absolutiser ce qui n'est pas absolu mais relatif, ce qu'on appelle le totalitarisme".

COVID-19 a détruit tout sentiment de certitude. Nous trébuchons d'un jour à l'autre, incertains de ce qui est possible. Je ne suis même pas sûr de pouvoir partir pour Rome dans trois jours. Mais je suis tenté de me fabriquer de nouvelles certitudes. Pourquoi ? J'ai peur. J’ai peur de l'insécurité qui accompagne l'incertitude. Et cette insécurité est réelle ! Alors, que faire ?

Dans l'atmosphère apocalyptique d'aujourd'hui, COVID-19 permet peut-être à l'Esprit de Jésus de nous mettre au défi de lâcher les fausses certitudes. Celles qui nous permettent de justifier le rejet de certaines personnes. L’Esprit de Jésus nous rend capable d’abandonner notre peur, de relativiser nos idéologies et nos cultures. Nous pouvons alors marcher sur son chemin de compassion, au milieu des désordres de la vie.

* * *

Merci beaucoup pour la chaleur et l'attention que j'ai ressenties a vos côtés au cours de ces années.

Que Dieu vous bénisse abondamment !

fr. Mike Deeb

Le frère Mike Deeb (photo : op.org)

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