À la recherche de ses aïeuls

  • Fr. Guy

Un voyage à travers la mémoire familiale

Sophie Parlatano, Mémoire vive. 5 Sens Editions, Genève 2024, 89 pages.

Sophie Parlatano a discrètement glissé entre mes mains son dernier opuscule, si différent de ceux que mon blog a autrefois présentés.

Non, la photo de couverture ne reproduit pas celle de l’auteure, comme aurait pu le laisser croire le recenseur dont la vision se périclite sérieusement. (Pardon, chère Sophie !) Un petit air de famille toutefois. Car la photo reproduit le visage de Sophie, une autre Sophie, la grand-mère paternelle de l’auteure. Une grand-mère que Sophie Parlatano n’a jamais connue, pas plus que son mari Oreste, qui fut son grand-père paternel. L’un et l’autre émigrèrent des Pouilles vers Milan, victimes à la fois de la guerre et de la précarité.

Notre auteure dit vouloir à travers ses lignes réparer ce qu’elle a ressenti comme une entrave sur son propre chemin. D’où son désir de reconstituer l’histoire de ses ancêtres italiens, même si les sources dont elle dispose sont maigres : une photographie, une lettre manuscrite et quelques paroles. « C’est à la fois peu et amplement suffisant, car l’écriture a la faculté du feu, celle de partir de presque rien. »

Donc, un véritable défi que notre Sophie doit relever. Elle a déjà démontré dans d’autres écrits qu’elle en était capable. Elle croit à la force étonnante de l’écriture qui parvient à son but en associant des éléments narratifs aux rêves nocturnes et à des réflexions plus intellectuelles. Un curieux mélange de genres pour affirmer l’existence d’une mémoire qui veut rendre hommage aux gens dits « de l’ombre ».

Je me suis inspiré pour écrire ces lignes du texte de la page 4 de couverture. Il définit les objectifs de ce livre. Sa lecture est exigeante. Il ne se présente pas comme une banale biographie imaginaire. Il nous fait connaître en profondeur la personnalité des deux Sophie qui s’entrecroisent dans la diversité des temps et des lieux.

La Sophie contemporaine habite la région de Nyon. Des dons multiples l’habitent : l’écriture et la poésie, la musique et le chant, l’accompagnement spirituel et personnel et sa participation à des ateliers d’écriture et de récits de vie. Dois-je ajouter qu’elle est l’épouse de François et mère de Vincent, de Thomas et de Clément. Je les associe tous les cinq dans le même souvenir affectif et religieux qui me lie à chacun d’eux.

« La mémoire humaine est vive. Elle a beau être ancienne et réunir parfois plusieurs âges sans établir de hiérarchie entre eux, elle n’en est pas moins terriblement vivante et surprenante, prête à jaillir dans le présent. (…) Sauf en cas de pathologie, la mémoire est là à fleur de peau comme dans chaque noyau de cellule, réactive, rebelle s’il le faut, prête à se mouvoir et à émouvoir, indocile à l’inattention et résistante à l’oubli. » (p.11)

Quelle chance pour Sophie de disposer d’un tel outil qui lui permet non seulement de ressusciter sa grand-mère, mais aussi de revivre elle-même. Cette activité mémoriale me ramène à mes propres expériences qui me surprennent encore aujourd’hui. Comme Sophie, je n’ai jamais rencontré mon grand-père maternel, décédé quand ma mère, la cadette d’une fratrie de neuf frères et sœurs, avait six ans. Le comble est que son épouse, ma grand-mère maternelle, ne m’ait jamais parlé de lui. Pourquoi ? Ou l’ai-je oublié ? Pour le reconstruire, je n’ai que son image mortuaire découverte un jour dans le paroissien de ma mère et son prénom Constant.

La mémoire n’est pas un carton d’archives mortes, mais un musée où l’émotion et la beauté ressuscitent ceux et celles qu’on croyait pour toujours disparus. La mémoire ne dispose que de la copie de ces instants de grâce. Mais les originaux nous ont construits et ont fait ce que nous sommes devenus.

Une vidéo du fr Guy au sujet du même livre peut être visionnée ici :

Cette image a été créée avec l'aide de DALL·E

Kommentare und Antworten

×

Name ist erforderlich!

Geben Sie einen gültigen Namen ein

Gültige E-Mail ist erforderlich!

Gib eine gültige E-Mail Adresse ein

Kommentar ist erforderlich!

Google Captcha ist erforderlich!

You have reached the limit for comments!

* Diese Felder sind erforderlich.

Sei der Erste, der kommentiert